Extrait du journal

Le bon Dieu voyant venir la Noël fit appeler saint Pierre et le querella douce ment : . * — Je ne vois point autour de mol ces pécheurs repentants que par décret réoent je tirai du Purgatoire. Il ne faut point les oublier dans la géhenne, Pierre ; ils ont expié. A l’occasion des fêtes de Noël, je voudrais leur faire contempler la Lu mière... — Las, Seigneur, gémit saint Pierre, je ne puis vraiment suffire à l’ouvrage. Naguère, il était aisé de présider au con trôle d’entrée. Le tri était bientôt fait en tre les bons et les méchants : d'un côté les chrétiens, de l’autre les hérétiques. Nul ne réclamait. Que les temps sont changés 1 L’homme a aujourd’hui plus de religions que de vices; il faut les éplucher à la loupe. Et puis les candidats au Paradis discutent, puisant de subtils arguments dans les livres, de grands feuillets noir cis... — Oui. je sais, fit Dieu le Père, une certaine presse... — Le temps se passe en controverses. Parfois je m’embrouille. Saint Augustin lui-méme y perd son latin, et si je n’avais pas là le bon M. Renan pour m’aider un peu... — J’aimerais mieux un autre coadjuteur, Pierre. Mais à qui se fier, même ici, pour d’aussi délicates fonctions. Songe qu’il y va de l’honneur de La justice divine I — Je le sais, doux Seigneur. Aussi je vous prie de m’adjoindre le vénérable saint Jean Porte-Latine, patron des typo graphes. — Quel secours attends-tu de lui ? — Par les ressources de son art, il saura préparer des vélins-circulaires que l’archange Gabriel (Dieu sait qu’il n’a pas son pareil pour la diligence aux messages)...