Extrait du journal

Le colonel Depotère regardait à travers la fenêtre de la chambre qui lui servait de bureau la rue boueuse de l’humble village où son régiment était au repos, après un mois de tranchées et cinq jours d’attaques. Le sergent secrétaire vint poser un pli sur la table et regagna sa place pour écrire la décision. Des rumeurs de canons assourdissaient les lointains et des avions passaient en bourdonnant. Le colonel alluma sa pipe et'dicta : Le colonel commandant le régiment rap pelle que, môme pendant les périodes de repos, les militaires de tous grades ne doi vent donner, dans leur correspondance, au cune indication concernant les opérations, ni citer les noms des localités dans les quelles ils cantonnent... Il décacheta le pli apporté par le sergent. C était le programme d’une matinée que devait donner le lendemain, au régiment, une troupe en tournée du Théâtre sur le Front, un programme splendide et touffu, dans lequel le manteau héroïque et râpé de Corneille apparaissait entre les voiles tricolores de la Marseillaise et le veston noir de M. Georges Courteline. Après l'avoir parcouru des yeux, il lut à la fin : 19. LA DERNIERE SOUPE un acte en '«-r* <

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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