Extrait du journal

COURRIER DU JOUR Versailles, 26 juillet. Changement de front! Hier, pas de pétard monar chique dans la séance; ces messieurs se sont aperçus qu’ils n’en étaient pas les bons marchands et que les crachats qu’ils lançaient en l’air leur retombaient sur le nez. Les complots s’évanouissent au grand jour; l’ombre leur est nécessaire. Le publie lit les comptesrendus de la Chambre, et voit la réfutation à côté de l’insinuation. L’emprunt commence dans deux jours; il est temps d’organiser les manœuvres de la dernière heure. * * * Tel est le plan qui a reçu un commencement d’exé cution hier dans la commission de prorogation. Pas un mot n’a été prononcé sur la date du retour de l’Assem blée; c’était là l’objet important : aussi s’est-on bien gardé de le traiter. Eu revanche, on a beaucoup, beau coup parlé des interpellations Belcastel et des explica tions qui seraient demandées à M. Thiers. A quoi bon ? Où est le péril que court l’ordre? Les rares députés de la gauche qui font partie de la commission ont essayé de serrer la discussion, de mettre les royalistes au pied du mur; ils les ont mis au défi d’apporter un fait précis, un seul, qui puisse excuser la démarche de M. Bel cas tel et de M. de Kerdrel. La réponse a été évasive; en fin, serré de près, M. de Kerdrel a commencé un grand discours, ou plutôt un long et venimeux réquisitoire contre la République. On paraissait étonné, on se de mandait à quoi rimait cette apologie inattendue de la monarchie. M. Martel s’est même empressé de faire pro mettre le secret le plus absolu sur l’homélie de M. de Kerdrel. Précaution inutile! Rien ne s’évapore plus...