Extrait du journal

rouclie impatience, ai-je donc de si mauvais yeux et une si mauvaise mémoire? N’ai-je pas vu ce débauché essayer de te prendre dans ses bras, tandis que tu te débattais en souriant ? — Bou Dieu ! que dites-vous là, mon père? demanda Palmyre stupéfaite; je ne vous comprends plus. — Je parle pourtant d’une manière intelligible... C’est en te voyant repousser faiblement les caresses du séducteur que l’indignation a troublé mon cerveau... Je me suis élancé furieux, et tandis que l'autre tombait mortellement atteint, tu t’enfuyais en poussant des cris d’épouvante... N’est-il pas cruel, Palmyre, ajouta la la Southière en détournant la tête, de m’obliger à re venir sur ces détails ? Palmyre était bouleversée. — Quoi! mon père, s’écria-t-elle, vous avez pu me croire coupable à ce point et vous m avez pardonné ? Ahl je m’explique à présent ce violent transport au quel vous avez cédé, et que dans mon cœur, en dépit de moi-même je vous reprochais avec amertume ! Vous étiez convaincu que votre fille... Mais, mon père, mon père, ce n’était pas moi qui étais allée à ce funeste rendez-vous ! Si c’eût été moi, comment aurais-je trou vé la force de fuir? Je serais tombée à vos pieds morte de frayeur et de honte. — Que me dis-tu là, ma fille? Comment ! tu n’étais pas au gué de Chez-Nicot an moment de la catastrophé? — C’était Jenny, mon père ; c’était cette odieuse Jenny qui, vous l’avez dit avec raison, a joué dans tout ceci le rôle de l’esprit du mal. Ecoutez-moi ; je venais d’acquérir la certitude que je n’aimais pas M. Bienas sis, et cette petite intrigue commençait à .me peser, ^ malgré l’habile manège de Jenny, lorsque je reçus un mot du percepteur qui me menaçait de se tuer si je ne...