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La Petite Gironde, 29 avril 1877

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La Petite Gironde
29 avril 1877


Extrait du journal

Le tintement de l’or et de l’argent, le bruisse ment du papier soyeux qui porte l’estampille de la Banque de France, enfiévraient toutes ces figures eupides et leur donnaient une expression de bestia lité pénible à voir. Que de passions à peine contenues, que de dra mes dans ces regards de fauves ou de moutons, dans ces attitudes diverses, dans ces mains crispées, dans ces lèvres entr’ouvertes ou relevées, tremblotantes ou soigneusement closes ! Au premier étage, deux ou trois administrateurs, créatures du comte de Roddes, et n’ayant d'autres idées que celles qui leur étaient inculquées par ce lui-ci, se tenaient en permanence dans la salle du conseil, voisine du cabinet du comte. M. de Roddes était là depuis neuf heures du matin. Homme de plaisir et de travail à la fois, il ne négligeait jamais cette visite matinale dans ses bureaux, qui lui per mettait de donner à tous les services de son im portante administration le coup d’œil du maître. Paris présente ce singulier phénomène, que les hommes de plaisir sont, pour le plus grand nombre, d’infatigables travailleurs; aussi s’usent-ils très vite. Corps, esprit, nerfs, sont en perpétuelle tension : c’est la vie à toute vapeur. Le comte de Roddes était un de ces hommes; il menait de front la galanterie, les obligations de la vie mondaine, le jeu, la politique et les affaires; celles-ci mêmes né souffraient jamais de ses distrac tions. Quel argument à opposer aux gens de pro vince, lesquels affirment très sérieusement que Pa ris est une ville de paresse 1...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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