Extrait du journal

A propos de Chats. Les enthousiastes de la race canine vous diront volontiers que le chien est le meilleur ami de l’homme. Certains ne craindront pas de déclarer avec Toussencl : « Ce qu’il y a de meilleur dans l'homme, c’est le chien. » Mais il ne s’en trouvera guère pour prétendre que le chien est l’animal préféré des hommes. On se laisse volontiers aimer par son chien, mais on ne l’aime pas, au sens propre du mot, car on tire de lui mille services, et on lui donne en revanche un minimum d'affec’.ion et de bons traitements. En revanche, ceux qui n'ai ment pas les chiens, n’ont pas contre eux de haine : ils se contentent de ne point avoir de chiens chez eux, et l'indifférence est le seul sentiment qu'ils leur témoignent. C’est de point en point le contraire qui ar rive pour les chais. On ne peut pas dire qu'un homme est aimé de son chat : le chat n'aime personne, si ce n’est lui-même ; il ne sait même pas caresser son maître, m iis il est expert à se laisser caresser. Il n'ab lique aucun de ses ins tincts de gourmandise, de paresse, d’indépen dance : c’est au maître (et jamais mot ne fut plus impropre que celui-là) à se plier aux ca prices et aux exigences de son matou. Dans le ménage de l'homme avec le chien, c’est le chien qui joue le rôle de l’amoureux empressé et docile ; dans les relations de l'homme et du chat, l’amoureux obéissant et fervent, c’est l’homme. Quant au chat, il se laisse adorer. Trouvez-vous le mot trop fort? Moi, je le trouve juste. Quel autre sentiment que celui de l’amour poussé jusqu’à l’adoration pourrait inspirer un volume de vers entièrement con sacré aux chats ? Jusqu’à présent, nous con naissions quelques exemples d’affection pour les chats poussée jusqu’au lyrisme. Le bon La rousse, à défaut de souvenirs classiques per sonnels, nous apprendrait qu’Homère lui-...