Extrait du journal

DEVANT SA MAJESTÉ ! Hier dans les couloirs du Sénat un des membres de la Haute et Vieille assemblée racontait l’anec dote suivante : « A la dernière partie de chasse à laquelle je fus convié par le président de la République avec plusieurs de mes collègues, j’ai pu constater com bien l’habitude des grandeurs et l’étude du proto cole peuvent amener à l’oubli absolu du sens commun. « Nous étions installés dans le wagon-salon. Félix Faure semblait penser, en tout cas rêvait. Plusieurs de mes collègues et moi, ouvrant nos journaux, cherchâmes à abréger la longueur du trajet. « Cependant le Président ne rêvait plus. Il s'agitait, nous regardait alternativement et avec sé vérité. Tout-à-coup n’y tenant plus il s’écriait : « — Messieurs, je suis obligé de vous rappeler que l'on ne doit pas lire les journaux devant le chef de l’Etat. * Napoléon n’avait pas encore trouvé celle-là 1 XX LA PUDEUR AUX ILES MARQUISES On vient d’interdire formellement le tatouage dans tout l’archipel des Marquises. Un cœur sur le bras ou une flèche sur la fesse peut coûter doré navant de vingt-cinq francs à quinze jours de prison. Il paraîtrait, au dire des Bérengers de là-bas que dans leur naïveté les artistes indigènes avaient pris l'habitude de représenter dans leurs tatouages des scènes d’une simplicité qui n’avait d’égale que la grossièreté. Le plus piquant est que les habitants des îles Marquises jjt portant aucun costume, montrent en grand tous les jours et à tout venant ce qu’on leur interdit de dessiner en petit. O logique de la répression I XX LES LETTRES ET LES ARTS Il y a déjà quelque temps, les amis de Paul Arène inaugurèrent à Sisteron un modeste monu ment à la mémoire du poète. C’était un simple buste en marbre sur un piédestal en pierre. Mais ce piédestal devait être accompagné d’une bergère des Alpes conduisant une chèvre d’or. Bergère et chèvre sont aujourd’hui en détresse, attendant que la générosité de quelques donateurs leur permette de rejoindre à Sisteron le poète de Noël en mer....