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La Petite République, 4 octobre 1899

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La Petite République
4 octobre 1899


Extrait du journal

Il est évideut pour moi que du moment où le prolétariat socialiste prend part à la lutte politique, il doit inévitablement intervenir dans les conflits qui s’élèvent entre les diverses fractions de la classe dominante, sans qu’il ait nullement be soin pour cela de manquer au principe delà lutte de classe. En Angleterre par exemple, Vimpérialisme et les questions diverses de politique étrangère constituent à l’heure actuelle les questions essentielles à l’ordre du jour. La déplorable administration de l’Inde-Britannique que l’on est en train de complètement ruiner, pour des géné rations sans doute, ne regarde pas direc tement les socialistes anglais et n’a rien à voir avec la lutte de classes. Nous avons, cependant, pris résolument le parti des indigènes opprimés et affamés, nous avons accueilli avec joie l’appui de beaucoup de non-soci;ilistes : propriétaires fonciers, capitalistes, gens de professions diverses, aussi bien que prolétaires salariés dans notre lutte pour obtenir réparation des maux causés par le système économique et politique actuel, quoique nous sachions bien que le socialisme, en tant que tel, ne peut avoir d’influence dans l’Inde avant bien longtemps. De même nous luttons en ce moment avec une fraction du parti libéral contre l’ensemble du parti conservateur et la plus grande partie des libéraux, dans la question du Transvaal.Là aussi il ne s’a git nullement de la lutte des classes. Il s’agit simplement d’obtenir le respect de la justice à l’égard d’un petit peuple igno rant, bigot, cruel, peut-être pas exempt de toute corruption, mais qui est menacé d’une guerre par l’immense empire britan nique,s’il ne consent pas à se laisser majoriser par un certain nombre de flibustiers interlopes qui le chasseraient du pays que tous les traités lui reconnaissent. Rester silencieux en ce moment, refuser d’agir en de telles circonstances d’accord avec des gens qui ont été à vrai dire presque toujours en opposition complète avec nous, serait montrer que nous ne sommes pas bien sûrs de nos propres principes. De même, quoique les Irlandais soient presque tous catholiques fanatiques et complètement en désaccord avec nous sur des questions que nous considérons comme primordiales, nous n’avons cependant pas hésité à agir avec le parti irlandais, quoi que purement bourgeois, dans le Parle ment comme le pays, afin d’obtenir pour eux celte justice politique et sociale que nous demandons pour nous-mêmes. La question religieuse ne peut être con sidérée, aussi bien chez nous que dans les autres pays, comme ayant quelque rap port avec la lutte de classes. Cependant les socialistes se voient obligés, même en Angleterre, de se déclarer contre le haut clergé, aussi bien anglican que catholique, et en agissant ainsi nous nous trouvons plus ou moins sur un terrain commun avec les protestants dissidents et autres non conformistes dont nous sommes sur d’autres points les adversaires résolus. Assurément si un cas comme celui du capitaine Dreyfus s’était produit en An gleterre, nous aurions, nous les socia listes anglais, demandé justice pour l’in nocent, et j’espère que nous aurions mon tré dans de telles circonstances un cou rage et un dévouement aussi grand que nos camaiades français. Inutile de dire que nous aurions accueilli sur ce terrain, comme ils l’ont fait, des hommes avec lesquels nous sommes d’ordinaire en désac cord à tous les points de vue. Je répondrai donc à votre première question que pour ce qui est de la tactique et de la lutte quotidienne, il est absolu ment impossible au socialisme, en tant que parti politique militant, de ne pas tenir compte d'événements qui intéressent l’ensemble de la société, quand bien même leur action les mettrait en contact et les ferait lutter d’accord, temporairement, avec d'autres partis. Ceci ne me sem ble pas devoir le moins du monde compromettre le principe de l’antagonisme les classes sur le terrain économique ou...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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