Extrait du journal

gne hideux s’étalait sur le visage de la peti te créature que Jeanne venait d’enfanter. Elle comprit aussitôt.L’hommè à la couenne couchait souvent dans la grange ; et c’est avec lui, le prenant pour François, qu’elle avait passé sa nuit a amour. Quand, après minuit, quelqu’un avait frappé à la porte et fouillé la serrure, ce quelqu’un, c’était François venant au rendez-vous qu’il avait cru donner à Marthe. Le père de la fillette, citait l’homme à la couenne, et le signe paternel condamnait le pauvre petit être à l’indélébile tare héréditaire. Alors Jeanne eut toute conscience de ce malheur : se fille serait plus laide qu’ellemême, vouée à la même existence sans amour, aggravée de répulsions pires. Cé dant à une détermination furieuse, elle eut un geste sauvage, coucha le bébé à plat sur le matelas et s’étendit dessus, de aoe, de tout son poids. ... Quand la nourrice vint et trouva le berceau vide, quand on questionna Jeanne, il était trop tard- On trouva sa fillette étouf fée, sous elle, privée de vie. On prit un rapide parti. Dénoncer l’infanticide, ce se rait exposer l’infirmière négligente qui n’avait pas surveillé et se trouvait en faute. On se hâta de guérir la mère et de la faire quitter l’hospice. Jeanne revint chez sa patronne qui sa vait l’histoire et ne la gronda point. Cette bourgeoise était une personne sensée. Elle ne trouva pas de mots pour reprocher à Jeanne d’avoir trouvé la seule issue à la quelle puisse recourir, devant l’impuis sance bourgeoise de notre science et de notre société primitives, toute mère en dé tresse à qui un amant de hasard a fait un enfant de malheur. CAMILLE DE SAINTE-CROIX....