Extrait du journal
LA PAILLE ET LA POUTRE On a souvent fait remarquer combien Félix hési tait à délier les cordons de sa bourse. Généreux quand c’est Marianne qui offre, il devient très rai sonnable lorsque c’est lui qui paye. Elle est restée légendaire au Havre l'offre qu'il fit de cinq cents malheureux francs en faveur des naufragés de la Bourgogne, alors que tous les gros commerçants de la ville donnaient chacun cinq fois plus. Or, notre cher président se montre ravi. Il vient, en effet, d’apprendre que la reine Victoria a donné au jeune Alexandre de Battenberg, à l'occasion de son anniversaire, la maigre somme de 2,5oo francs. Et il trouve cela bien petit pour une « queen ». Notre cher président oublie que la reine d’An gleterre ne compte pas moins de 224 membres dans sa famille et qu'à raison de z,5oo francs par tête, cela lui fait à débourser une assez jolie somme. Il est vrai, comme ajoute très judicieusement Félix, que cet argent n’est pas à elle. Il lui vient en partie des colonies. Allons, bon 1 Voilà encore ce cher président qui oublie Madagascar. xx LES SINÉCURES Elle est bien singulière, en effet, cette idée d'un membre du Parlement qui propose d’ouvrir un concours de grands fonctionnaires pour la recher che des moyens propres à diminuer tes charges budgétaires, par la suppression des sinécures. Ces gros fonctionnaires étant tous pourvus eux-mêmes de sinécures, on ne voit pas bien quels arguments utiles leur conscience pourrait leur fournir contre le maintien des emplois inutiles. Tout au plus leur expérience leur ferait-elle trouver dans ce projet de congrès l’occasion de toucher quelques jetons de présence. XX CE N’EST PAS TROP TOT On se souvient des plaintes que firent justement entendre les habitants du faubourg Saint-Jacques, lorsqu’on proposa de choisir leur quartier pour y dresser la hideuse guillotine. Des pétitions se cou vrirent de signatures, tant et si bien que le gouver nement a fini par s'émouvoir. Et aujourd'hui, au Sénat, quand on discutera la suppression de la publicité pour les exécutions capitales, les minis tres ne s'opposeront pas à ce vote, au contraire. 11 est heureux que les parlementaires se soient enfin rendu compte de l’ignominie qu’il y avait à permettre au peuple un spectacle sanguinaire qui ioin de le moraliser ne pouvait que le pervertir. 11 est de plus à constater que lorsque des citoyens se réunissent pour défendre avec énergie une cause qu'ils croient bonne, il est bien difficile aux gouvernants de faire la sourde oreille. Un jour ou l’autre ceux-ci doivent céder, sinon par conviction, du moins par peur et le résultat n’en est pas moins obtenu. XX LES LETTRES ET LES ARTS Nous nous sommes toujours montrés trop favo rables au succès des artistes étrangers qui viennent exposer en France, pour ne pas applaudir des deux mains à toute tentative d'artiste français allant exposer à l’étranger. Cet échange de visites internationales ne peut que contribuer puissamment au développement du grand mouvement intellectuel. C’est ainsi que nous voyons avec plaisir le paysa giste Murer envoyer ses œuvres à Varsovie. Son exposition est d’ailleurs accueillie là-bas plus que sympathiquement et son succès doit encourager ceux de nos artistes,que les grandes capitales solli citent, à répondre à tels appels....
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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