Extrait du journal

Les petits profits des Compagnies de chemin de fer Sous ce titre, la Tribune de la voie ferrée dénonce un des mille et un moyens employés par les Compagnies de chemins de fer pour accroître leurs dividendes,, comme disait Panurge, « par manière de larcin furtivement fait. » Celui-là consiste à ajouter un kilomètre ou deux à la distance réelle qui sépare les gares. Exemple : Le billet de troisième classe pour Gagny coûte 75 centimes, somme correspondante à une distance de 15 kilomètres. L’indicateur est d’accord avec la plaque indicatrice placée à l’entrée de la gare de Gagny. Donc, tout paraît régulier. Mais les distances sont également mar quées sur des poteaux kilométriques, placés tout le long de la voie. En plein milieu de la gare de Gagny, se trouve le poteau kilométrique 14; et c’est le poteau qui a raison. Mais le prix du billet est calculé sur 15 kilomètres. Par ce moyen, la Compagnie fait payer un sou de trop aux voyageurs de troisième classe, deux sous à ceux de deuxième et trois à ceux de pre mière. C’est peu de chose, c’est vrai, mais ce n’est pas une raison pour se laisser faire. Si on réfléchit que_ Gagny reçoit 32 trains par jour et en expédie 35, soit 67 trains — il y en a davantage dans la saison d’été — et si on estime à dix seulement par train — ce n’est pas exagéré — le nombre de voyageurs prenant un billet de ou pour Paris — cela fait quotidiennement 670 voya geurs qui — en admettant qu’ils soient tous de troisième classe — paient indûment 33 fr. 50 par jour. A Ui fin de l'année, rien que pour la gare de Ga gny, V « erreur » de la Compagnie lui fait réaliser un bénéfice de près de 10.000fr. Si le même lait se produit dans d’autres gares do banlieue plus fréquentées, on peut calculer ce que la bonhomie des voyageurs rapporte aux Com pagnies. Des centaines de mille francs, et peut-être des millions, qui sortent de notre poche parce que nous nous laissons bêtement exploiter. M. Ch....