Extrait du journal
Les ménages royaux font beaucoup et mal parler d’eux en ce moment. Le grandduc de Hesse divorce. Le roi de Serbie malmène sa femme, et des scènes auss i fréquentes que pénibles se produisent fréquemment, qui donnent matière aux commérages de la ville. La reine Draga quitte son époux en claquant la porte. Le roi Alexandre crie, tempête, et tout le pa lais est mis en émoi par ces violences que les transports amoureux de la lune de miel ne permettaient point de prévoir. Mais où les choses se gâtent tout à fait, c’est en Hollande, chez la jeune reine XVilhelmine. Son époux la délaisse. Ré cemment elle tomba malade. Le prince, au lieu de demeurer à son chevet comme le lui permettent ses moyens et comme le lui ordonne le devoir conjugal, partit pour la chasse. Il n’en revint que quelques jours après, sans s’être préoccupé une mi nute de la santé de la reine. Enfin les mauvaises langues racontent qu’à table, l’autre midi, il aurait, après boire, levé la main sur elle. Des officiers de la maison durent s'interposer. Ce prince consort m’a l’air d’un joli mufle, — qu’on me passe l’expression. Il mériterait même un nom plus accentué, si l’on considère qu’il n'apporte en mariage que des dettes dont la partie la plus con sidérable, soigneusement cachée à sa royale fiancée avant le mariage, vient d’être connue d’elle. La pilule a paru amère à celle-ci, et elle refuse, parait-il, de l'avaler. C’est à celle décision que serait due la négligence du mari. Du moment que l’épouse ne le paye pas, il rechigne à la besogne, et au lieu de caresses, il pro digue les coups. Ces mésaventures conjugales ne font tant de bruit que parce qu’elles ont pour héros des personnages couronnés ailleurs qu’aux genoux. Celles delà reine YVilhelmine paraissent d’autant plus piquantes qu’elles se produisent à la Haye, siège de la conférence internationale pour la paix. Je sais bien que ce n’était point la paix du ménage que se flattaient d’établir les plénipotentiaires assemblés. D’ailleurs, ils n’ont pas mieux réussi à faire régner l’autre, la grande, qu’attendait le monde attentif. Elle nous consolerait aisément des déboires de Mme de Hollande, car elle éviterait bien des larmes aux épouses et aux mères de tous les pays. Quanta l'histoire même, elle prouve que le prince... frappeur est un vilain moi neau, dont les mœurs relèvent de l'article du code qui, chez nous, vise le vagabon dage spécial. 11 bat sa femme, il se grise, il aime la chasse où il donne libre cours à ses instincts de tuerie. Plaignons sa femme, plaignons le gibier qu’il massacre. Mais plaignons surtout les pauvres gens de Hollande et de partout. GÉRAULT-RICH A RD....
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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