Extrait du journal

— Mais, monsieur, vous ne m’avez rien prêté. — Votre mémoire vous sert mal, mademoiselle, et je vais vous préciser les circonstances du fait. Vous m’avez prié de vous prêter cette somme, j’y ai consenti, et vous l’ai remise hier soir môme en un rouleau de pièces de 20 fr. Le sujet, subjugué par l’affirmation et l’action du regard, scrute sa mémoire, et, docile à la suggestion, se souvient effectivement du prêt de la somme, et très librement consent et signe la recon naissance. Le billet est valable; l’huis sier n’aura qu’à le présenter, et il faudra le payer. M. Liégeois a multiplié les expériences et en est arrivé à cette conclusion qu’il n’est pas d’actes ni de puissent être viciés par En matière de donation et de testament surtout, les abus peuvent prendre des proportions énormes. Si ces conséquences sont réelles, si elles sont inévitables, que fera le juge ? La question méritait d’être examinée, et c’est à Nancy même qu’on y a fait ré ponse. L'autre jour, à l’audience de ren trée de| la Cour d’appel, M. Thomas, substitut du procureur général, a pris pour texte du discours d’usage : Des pro cès de sorcellerie et de la suggestion hyp notique. « « Est-il vrai, a-t-il dit, qu’aujourd’hui une névrose particulière dispose cer tains sujets à subir inconsciemm ont une influence étrangère et va jusqu’à les contraindre à obéir invinciblement aux suggestions qui leur sont imposées? Tout en reconnaissant que cette influence ne pouvait niée, et quelle pouvait être en traîner pour la sécurité sociale les con séquences les plus redoutables, M. Tho mas a conclu qu’il n'y avait point à s’effrayer, ni à jeter de crt d’alarme et que sans recourir au législateur, sans apporter quelqu’iunovation soit aux principes, soit à la procédure du droit civil ou criminel, les magistrats étaient suffisamment armés pour découvrir la vérité et faire justice. Passant en revue les divers cas expérimentés, le substitut fait ressor tir à quels obstacles ils se heurteraient en justice. Dans l’hypothèse du crime suggéré à l’hypnotisé, les magistrats auront en face d’eux, ou devront rechercher, l’être responsable, l’agent véritable, celui qui a donné l’ordre et dirigé le bras. Il y a donc là, non pas un mobile d’action in connu, mais un simple déplacement de responsabilité. Le magnétiseur criminel sera-t-il plus assuré de l’impunité que tout autre scélérat ? Rien ne le démon tre. La suggestion n est point si aisée à pratiquer; il n’est pas si facile du trou ver un sujet docile et capable d’accomplir l’acte projeté ; puis, il faut agencer mer veilleusement toutes les circonstances du crime pour le rendre vraisemblable ;...