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La Petite République, 8 juin 1887

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La Petite République
8 juin 1887


Extrait du journal

rancunes du parti avancé qui le consi dère comme un traître et les rancœurs du parti modéré qui jugera sévèrement sa faiblesse et son incapacité. .*» Et qu’on nous comprenne bien ! Nous savons qu’il existe des hommes politi ques, terrés dans leurs haines contre la République et figés dans leur admiration obstinée, aveugle pour des formes de gouvernement répudiées parle pays tout entier. Nous ne sommes pas assez sots pour vouloir conquérir ou désarmer ces monarchistes ou ces bonapartistes de croyance. Mais combien peu nombreux sont ces irréductibles ? Y en a-t-il cent mille en France ? A ceux-là, nous devons la justice, mais rien de plus et nous ne demandons pour eux ni faveurs ni complaisances. *** Ce que nous voulons, c’est que dans une nation qui compte trente-six mil lions d’habitants et dix millions d’élec teurs, on ne s’occupe pas exclusivement des revendications bruyantes de la mi norité du parti républicain et qu’on ne feigne pas de faire siennes des doctrines suspectes au plus grand nombre, mais brutalement imposées, je le reconnais, par une poignée de meneurs audacieux et entreprenants. Nous sommes loindeméconnaîtreVimportance et la quantité des problèmes qui s’imposent à l’attention de la démo cratie française, et nous savons que si les assises de l'édifice social ont été je tées d’une manière indestructible dans le sol de la patrie en 1789, les aménage ments de cet édifice laissent beaucoup à désirer. Nous n’ignorons pas que des réformesprofondes peuvent être faites dans nos institutions. Nous savons bien quelle distance nous sépare de l’idéal de justice vers lequel les gens de cœur doivent toujours avoir les yeux fixés. Mais comment consentir à n’apporter dans la recherche de ces solutions nécessaires, que l’esprit de haine et de vengeance ? Pourquoi avoir l’écume aux lèvres et la figure crispée pour prêcher la fraternité? Pourquoi ne prêter l’oreille qu’à ceux qui veulent opprimer, au lieu de convaincre et de persuader? *** Un exemple au hasard. Dans ce journal, nous admettons que les séminaristes ne doivent pas être exemptés du service militaire. Mais cette mesure n’est pas notre unique objectif. Elle ne constitue pas à elle seule la loi mi litaire que nous rêvons pour notre pays. Elle est un accident, un incident, un infiniment petit. Nous n’éprouvons aucune joie à être désagréables à ces jeunes séminaristes et nous entendons, tout en les faisant servir, les utiliser seulement à des besognes compatibles avec leur vocation. Les intransigeants, au contraire, ne voient dans la loi militaire qu’un moyen de satisfaire leur haine contre l’idée re ligieuse et ses représentants. Ils feront bon marché de la question des sousofficiers, de la mobilisation, de l'arme ment, si on leur livre les séminaristes. Ces robes noires les exaspèrent comme le rouge affole les taureaux obtus. Ils ne voient que ces robes. Contre elles, ils excitent les préjugés des foules et ils réussissent, à force d’impudence, à faire...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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