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La Petite République, 9 février 1898

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La Petite République
9 février 1898


Extrait du journal

secret de la défense nationale, qui est en vérité le secret de drôles de polichinelles. Ces braves généraux s’abritent encore, il est vrai, derrière le secret professionnel, comme leurs bons amis et directeurs de conscience, les Révérends Pères, derrière le secret de la confession. Il y a vraiment trop de parties secrètes dans ces indi vidus. Vous verrez qu’à l’heure du dan ger, quand l’ennemi violera nos frontières, ils se refuseront à sortir de leurs bureaux sous prétexte qu’ils ne peuvent divulguer les secrets de la défense ni le secret pro fessionnel. Les bons français finiront sans doute par trouver que MM. les militaristes poussent le mépris du droit un peu loin et que le gouvernement qui les honore de sa protection, dans l’espoir d’être à son tour protège par eux à coups do sabre et de fusil,à coups de massacres populaires, abuse du huis clos. Il l’applique, en effet, à tous ses actes extérieurs, afin de ne point dévoiler ses trahisons ; il l’applique aux agissements des grands chefs de l’armée, aussi suspects que sous l’Em pire, alors que par leur incapacité, leur négligence, leurs compromissions, ils préparaient les catastrophes de 1870 ; il l’applique à la justice, honteuse, inhu maine, vendue aux puissants. Et ces atrocités, dont le peuple n’a point connaissance, sont commises au nom du peuple. Et il y a une partie du peuple qui applaudit, qui hume avec délices le crot tin de la soldatesque dorée, qui citante en chœur les psaumes de la servitude cléri cale, qui uénit les sentences liberticides rendues en secret, qui acclame un gou vernement, auteur de tous ces crimes, de ces horreurs. Un peuple digne de la liberté exigerait la connaissance de tout ce dont il portera la responsabilité devant l’histoire. Celuici accepte de vivre sous un régime contre lequel se soulèverait la conscience indécise d’une peuplade sauvage. H ne sait rien ; il ne veut rien savoir. Il est bafoué au jourd’hui dans ses droits ; il sourit à cette insulte. Il sera bâton né demain, sabré après-demain par cette horde de préto riens galonnés, éperonnés, emplumés, chamarrés, mais déshonorés, et il léchera les pattes sanglantes de cette horde. Espérons tout de même. C’est au moins une manière de nous consoler. GÉRAULT-RICHARD....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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