Extrait du journal

valier en blouse d'écurie? Est-ce avec la même tenue que nos légendaires pompiers de Paris allument l’incendie dans les cœurs et l'éteignent dans les maisons? On parle volontiers do l'union de plus en plus étroite entre le peuple et l'armée; on s’applaudit à bon droit de ce progrès démo cratique. Or, notez bien ceci: une des gran des satisfactions de l’ouvrier d’à présent est de pouvoir, sa journée faite, se débarrasser des poussières de l’atelier dans l’eau claire qui coule pour tout le monde, dépouiller son costume de travail et se vêtir bourgeoise ment pour «< se mettre au niveau, » comme il dit. Il se démocratise en s’élevant ; pour quoi en serait-il autrement du soldat? A Un exemple à l’appui de ma thèse. L’an dernier, un jeune typographe de no tre imprimerie futappelésous lesdrapeaux. C’était un garçon bien bâti, au visage agréa ble, aux allures dégagées et relevant par une pointe de coquetterie ses avantages naturels ; bref la coqueluche des femmes. Lorsqu’il partit, je ne sais si de boaux yeux se mouillèrent ; mais à coup sûr on pensa qu’il était destiné a faire ce qu’on appelle un joli soldat. Récemment, il obtient un congé, il croit revenir en vainqueur; hélas! il court à un désastre : il est presque mé • connaissable, il ne recueille sur son passage que des sourires moqueurs, et un de sas camarades n’hésite pas à lui déclarer, dans son langage pittoresque, qu’il est ficelé comme un sac de pommes de terre. O prestige de l’uniforme 1... Quand donc pourra-t ou dire encore sans avoir l’air de retarder de vingt ans :« Nos fringants troupiers? » Edmond Frank....