Extrait du journal
précédent article, avait une notion assez vague de ses devoirs envers le oublie. Ceux qui trouvent qu’au] ourerhui il assume trop de devoirs ne sont pas des libéraux qui ont en vue la large expansion des facultés humaines, mais des rétrogrades qui s’indignent de voir le citoyen Public — Herr Omnes ! — s’occuper de chacun et l’aider à se réaliser, à créer et organiser sa li berté. Sous prétexte de liberté, rendre l’enseignement à l’industrie privée ou aux entreprises de prosélytisme con fessionnel, c’est retourner à la concep tion turque — et non libérale — de l’Etat; c «est justifier les rétrograda tions les plus folles, le retour aux juridictions particulières, aux ponts à péage, à la poste privée, que sais-je? Quant à la liberté religieuse propre ment dite, — celle qui n’abrite aucun prétexte de domination politique et sociale, celle qui n’est pas imposée à l’ouvrier par le patron, à l’indigent par l’association charitable, — qui donc songerait à y porter atteinte au trement que par la libre discussion et par la diffusion des vérités scientifi ques, mortelles aux dogmes ? Ce que nous combattons et devons combattre, sur le terrain politique et social, ce n’est pas la religion, qui est une affaire privée, de for intérieur, une conception personnelle de l’univers et du devenir individuel, — mais le pré texte, le masque, le mensonge. Nous combattons les gens que dans notre temps comme dans celui de Molière, l’on voit Par le chemin du ciel courir à leur fortune; et comme alors, nous nous défendons du bon apôtre qui Veut nous assassiner avec un fer sacré. La liberté de Tartuffe, ce n’est pas la liberté, au sens social, humain du mot. Prendre une fausse étiquette, mentir dans les moyens, tromper sur le but, ce n’est pas user de la liberté (qui au point de vue social est un don de la loi), c’est abuser de la confiance publique et justifier toutes les répres sions nécessaires à rétablir partout la clarté et la sincérité. Le patronat, qui ne se résigne pas à voir grandir la force ouvrière, s’est re tourné vers l’Eglise, non pour lui de mander les grâces particulières qui font trouver douce la résignation à l’inévitable, mais pour employer la gendarmerie céleste à ramener dans le devoir ses esclaves en rumeur de ré volte. Nous trahirions la liberté si nous respections en cette manœuvre intéressée l’apparence libérale dont elle se couvre. Et s’il fallait me résumer en une formule, je dirais volontiers que nous devons être tolérants envers toutes les opinions, toutes les erreurs — et into lérants pour tous les mensonges. Le croyant en effet peut errer : sa bonne foi est sauve. Elle contient le remède même au mal d’erreur, toute sincé rité étant en chemin vers la vérité. Le clérical, lui, n’est pas un croyant: c’est un politique. La foi lui est un moyen. Son absence de sincérité lui fait de parti pris tourner le dos à la vérité. Il fausse délibérément les rap ports des faits et les lois de l’entende ment. On ne peut sans crime le to lérer. Et c’est de l’avoir toléré dans ses en treprises les plus saugrenues et les plus scélérates, depuis la première condamnation de Dreyfus jusqu’aux dernières inventions de M. du Paty de Clam, que nous avons failli perdre la République dans sa réalité, la France dans son honneur et le socialisme dans ses espérances. EUGÈNE FOURRIÈRE....
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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