Extrait du journal

LES VIEUX TROTTEURS L’académicien Henry Lavedan, qui dans sa pièce des Variétés, le Vieux Marcheur, fait .tous les soirs rire les jeunes, soupirer les vieux et rougir les dames, a scandalisé ses collègues de l’Académie au point que l’un d’eux s’est révolté. Ce pudibond des quarante n'est autre qu’Emile Ollivier. II a demandé avec énergie et obtenu que M. Henry Lavedan ne fasse plus suivre sur l’atfiche son nom du qualificatif * de l’Académie française ». Les académiciens ont eu d’autant plus tort de se montrer si austères que bien peu parmi eux méri tent encore le titre de « vieux marcheur » qui sousentend certaines qualités d’énergie et d’entrain qu’ils n’ont plus. Ce sont tout au plus pour la plupart de simples et inoffensifs suiveurs de trottins, autrement dit « vieux trotteurs ». XX L’ARGENT A DE L’ODEUR I 11 y a quelque temps, l’on trouvait dans une fosse, à la Viilette, une liasse de valeurs de Bourse. Le trésor en papiers fut envoyé au parquet, puis rangé au greffe de police correctionnelle. Mais ces titres qui valaient une cinquantaine de mille francs avaient séjourné si longtemps dans la fosse où ils avaient été découverts, qu’il fut impos sible, malgré tous les lavages chimiques opérés, de les débarrasser de leur terrible odeur. Et ils furent placés sur une table, près d’une fenêtre constamment ouverte. 11 faut espérer que dans un an, lorsque le délai pour les réclamer sera passé, les titres auront suf fisamment pris l’air pour ne pas trop effaroucher les nez des négociateurs et boursiers. Qui aurait pu croire que tant d’argent conserve rait une telle odeur ? XX TOUJOURS LES PLAQUES En ornant d’une façon durement obligatoire nos vélocipèdes de petites plaques, l’administration aurait dû songer à nous donner le moyen de les y fixer solidement, ou tout au moins y graver le nom, afin d’éviter des vols vraiment trop faciles. En effet, il s’est constitué une bande d’adroits filous qui détachent avec autant de rapidité que de facilité les plaques des bicyclettes un instant abandonnées. Et l’on se met en route avec la conscience tran quille d’un contribuable consciencieux, alors qu’au premier tournant un sergot vous arrête et vous dresse procès-verbal. — Mais on m’a volé ma plaque I — Il fallait ouvrir l’œil. Nous pensons que c’est surtout l’administration qui aurait dû mieux prendre ses précautions. XX CHARITÉ BIEN ORDONNÉE Le comité de la confrérie du travail de Moulins a loué dernièrement un terrain d’un hectare sur le chemin de Nomazy, pour y faire ai jardins de quatre ares chacun. Ces jardins seront aussitôt tracés et attribués à un certain nombre de familles nécessiteuses appar tenant à la Confrérie, à la condition qu’ils seraient cultivés en culture maraîchère et qu’on n’y travail lerait pas le dimanche. Pendant ces repos dominicaux, les bons cultiva teurs auront l’agréable loisir d’aller voir cuire dans les cuisines des patronnes de l’Œuvre, les délicates primeurs qu’ils auront fait pousser pour elles. XX LES LETTRES ET LES ARTS Si l’on porte les restes de Balzac au Panthéon, que fera-t-on du beau monument qui les abrite actuellement au Père-Lachaise ? On sait que cette tombe est une des meilleures œuvres de David d’Angers. Elle est d’un caractère saisissant. Jules Claretie nous le décrivait hier : une pierre, une stèle, un buste de bronze. Le buste singuliè rement vivant et fier repose — comme sur une assise indélébile, sur le simulacre d’un gros livre où se lisent, comme écrits avec la plume couchée auprès, ces simples mots : « Comédie Humaine. » Voilà un point auquel on n’a pas songé et qu’il ae faudrait pas négliger d’examiner. XX PETITS PAINS DU MATIN « Quand ils seront à cent, une croix ils feront ! » Disions-nous... Or, voici bientôt ce chiffre rond! Nouveau scandale dont le clergé s’éclabousse Avec des écoliers, à Lyon, cette fois, Un bon frère s’est fait pincer. Faisons la croix A la Croix-Rousse l...