Extrait du journal
pel en conciliation des ouvriers ou du juge de paix. Des chiffres le prouveront mieux que notre parole que l’on pourrait croire suspecte de partialité. En 1893, on compte 634 grèves. 109 recours à la conciliation se produisent : 5, du fait des patrons : 56, par les ou vriers; 2, par les deux parties, et 46, par le juge de paix. En 1894, les grèves s’abaissent à 391 et les recours à la conciliation à 101. Ils sont formés : 4, par les patrons ; 51, par les ouvriers; 2, par les deux parties ; 44, par le juge de paix. 405 grèves ont lieu en 1892, avec 85 recours à la conciliation, venant : 2, des patrons ; 46, des ouvriers ; 3, des deux parties, et 34 du juge de paix. Pour 1896, les grèves s’élèvent à 476 et les recours à 104, formés : 4 par les patrons ; 57 par les ouvriers ; 4 par les deux parties ; 39 par le juge de paix. Enfin, pour 1897, la dernière année dont les résultats nous soient connus — les grèves tombent à 356 et les recours à la conciliation, à 88. Us ont été for més : 4 par les patrons ; 46 par les ou vriers , 1 par les deux parties ; 37 par le juge de paix. En résumé, pendant ces quatre an nées, la proportion des recours par rap port aux grèves n’est que 21.53 0/0; quant à la part de chaque partie dans la totalité do ces recours, elle est de 52.5 0/0 pour les ouvriers et de 3.9 seulement pour les patrons. Il n’est pas mauvais de faire cette dernière constatation. Nos adversaires disent très volontiers que les ouvriers se mettent trop facilement en grève, qu’ils négligent de s’expliquer au préa lable avec les chefs d’entreprise, qu’ils sont ensuite intraitables pour débattre les conditions de la reprise du travail. Les faits démentent un tel jugement. Il est aujourd’hui avéré qu’avant ou après la grève, le patron ne songe pas à la conciliation. Y est-il invitépar l’ou vrier ou par le juge de paix, presque toujours il la repousse ; en face de la même sollicitation, l’ouvrier, au con traire, accepte en général. Si donc les conflits ‘de travail nais sent, s’ils persistent, s’ils causent à tous un énorme préjudice, la faute en est à cet étrange esprit des patrôns qui s’imaginent exercer sur leurs ouvriers une maîtrise souveraine et ne peuvent se résigner à voir en eux de libres con tractants avec lesquels il faut aussi li brement discuter les questions de tra vail et de salaire. Dans une proposition qu’ils ont dé posée en commun — faisant ainsi l’u nion do trois des fractions de la gauche républicaine de la Chambre, notre parti excepté — MM. Bovier-Lapierre, Dutreix et Charles Ferry ont reconnu la quasi faillite de la loi du 17 décem bre 1892. Reprenant une idée émise au cours do la précédente législature et qui avait été formulée dans un rapport de M. Char les Ferry, ils ont demandé que la con ciliation fût rendue obligatoire. Ils ont renoncé à l’obligation de l’arbitrage, qu’ils considèrent comme « impossible en fait et endroit ». Sans partager en tièrement cette opinion, nous sommes d’avis que l’arbitrage obligatoire est impraticable et dangereux dans l’état actuel des esprits et des mœurs so ciales. La commission du travail vient de charger M. Charles Ferry du nouveau rapport. Nous ne savons pas de façon précise quelles en sont les conclusions, mais il est probable qu’elles sont con formes à la proposition de M. BovierLapierre et que « le refus de recourir à la tentative de conciliation » et « le défaut de comparution » devant le juge de paix entraînent une amende pour les patrons et les représentants des ou vriers. Les travailleurs, dont les disposi tions se sont déjà nettement affirmées, ne peuvent que faire bon accueil au principe de cette proposition de loi. AIMÉ LAVY....
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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