Extrait du journal
ROUGES CONTRE BLANCS Que Nantes en fasse son deuil f Elle ne possédera pas dans ses murs M. Max Régis. Avant son élection à la Mairie, le satrape de l’antisémitisme algérien avait jeté son dévolu et annoncé son ferme pro pos de jeter son mouchoir sur la ville bre tonne, dût Alger demeurer inconsolable de son infidélité. 11 s’était dit que la Bretagne et sa voi sine la Vendée, berceaux de la chouan nerie, offriraient un terrain d’élection de l’antisémitisme, qui en est comme la reprise, moins la grandeur dans l’effort et la tenue de ses héros, une édition revue, corrigée, considérablement dimi nuée, sans illustrations ni poésie. Mais il comptait retrouver vivants les souvenirs d’-s pillages, des assassinats, dus éventrements de femmes, des grilla des de patriotes, des incendies de fermes maudites par les prêtres. Son pressentiment s’était, en partie du moins, confirmé par les scènes de hurlements et de chasse à l’homme aux quelles donna lieu le récent congrès dos savants, qu’assiégèrent et envahirent les ban les catholiques. Si M. Max Régis consulte ses acolytes métropolitains, il renoncera au plaisir d’untiséinitiser les rues et les boutiques de Nantes. Leur expédition de dimanche dernier leur a prouve que dans cette ville la chouannerie est morte; mort aussi le fanatisme royaliste et religieux; morte la folie du meurtre sauvage; mort le désir de pillage. C’est une ville perdue pour le patrio tisme — le leur, s’entend. Le syndicat de trahison y exerce ses ravages etil devient impossible d’y assommer les citoyens au nom de l’Etat-Major. Le Dieu de M. Bi don a détourné d’elle son regard. Les an tisémites et les nationalistes feront bien d’en détourner leurs nas. On y avait annonce leur visite à grands coups de cymbales, lis devaient y affirmer leur maîtrise. Us y ont surtout montré leur aptitude à fuir la contradiction et à s’évader des réunions publiques par les fenêtres. Ils n’ont pas, ils n’auront pas Nantes. Leur tentative de résurrection de la chouannerie a piteusement avorté sous les huées du prolétariat. Comme au temps passé, les blancs ont trouvé devant eux la Révolution. Seule ment, celle-ci a changé de couleur. Ses soldats ne s’appellent plus les bleus. Les bleus ? Ou étaient-ils? Où étaient les bourgeois libre-penseurs et républi cains ? Qui les a vus dans les bagarres en gagées au coin des rues ; dans le tumulte des réunions? Ils étaient quelques-uns qui suivaient d’autres guides que les leurs ; égarés dans un mouvement qui n’était point né chez eux; ralliés par un cri de guerre que leur classe a frappé maintes fois d’ana thème et des rigueurs légales. Ceux qui dispersèrent les revenants de la Chouannerie, les défenseurs de la Révolution de 1789, sont les rouges de 1898, les révolutionnaires de demain. A Nantes, comme partout, ils sauvent le patrimoine républicain que les héritiers de la bourgeoisie révolutionnaire aban donnaient en gage à l'Eglise et au roy, comme les prodigues livrent aux usuriers les joyaux de famille. Si la bourgeoisie est fille de la Révolu...
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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