Extrait du journal

Il y a quelque temps, un homme accusé du meurtre d’une petite fille était con damné à mort par la cour d’assises des Pyrénées-Orientales. Un vice de forme amena l’annulation du procès par la Cour de cassation, qui renvoya le pré tendu assassin devant le jury de Mont pellier. Celui-ci jugea différemment du premier. Il trouva insuffisantes les preuves invo quées par l’accusation, et il acquitta Maillois, qui fut remis en liberté. De retour dans son pays, le malheureux s'aperçut bien vite qu’il n’échappait â un supplice que pour en subir un autre. La justice avait lâché sa proie ; l’opinion publique, cette bête tantôt féroce, d’autres fois avi lie, quand elle se roule aux pieds de quelque idole, allait la saisir à son tour. Maillois, proclamé innocent par les jurés, resta l’assassin de la petite fille aux yeux de ses compatriotes. L’autre jour, il se rendait à Cerbère. Il vaquait à ses commissions, lorsque des passants le reconnurent. Un rassemblement se forma aussitôt. Des voix interpellèrent Maillois, l’appelant assassin. Des poings se ten dirent vers lui. C'est la règle. Criez au voleur dans la rue. Tout de suite, dix, quinze, cent personnes répéteront votre cri et se joindront à vous pour courir sus à l’homme ainsi dénoncé et le mettre à mal.- . , . Il ne viendra à l’idée d’aucune do cher cher la vérité et de se dire : Cet homme est-il vraiment coupable du crime dont noua l’accusons.? L’effort dépasse la...