Extrait du journal

Le mode actuel est une véritable prime à la duplicité; c’est le plus habite qui l’em porte. Le législateur en n’exigeant pas l’indigence, niais l’insuffisance de ressour ces pour subvenir aux frais du procès, a voulu marquer qu'il ne voulait pas que le bureau s’enfermât dans une formule, mais que selon les circonstances, il devait, après une empiète sérieuse, montrer plus ou moins de souplesse dans l’application de la loi. Lorsque l’adversaire dé celui qui solli cite l’assistance judiciaire, est plus rompu que lui aux habitudes du bureau, il arrive trop souvent à lui faire refuser une faveur auquel le malheureux devrait avoir droit. Pour cela, tous les moyens sont bons, et aucun contrôle utile n’est fait des déclara tions des parties ; Ton se prononce sur des impressions. Lorsquo Von s’occupe des réformes à effectuer dans l’assistance judiciaire, il est un détail de l’organisation des bureaux que l'on ne peut passer sous silence ; car cette habitude déplorable a déjà coûté plusieurs vies humaines. Fréquemment, en effet, on apprend qu’a vant do comparaître devant le bureau où qu'à la sortie, un des adversaires s’est précipité sur l’autre et a tiré des coups de revolver. Les bureaux de l’assistance, il est, vrai, ne sont pas seuls, hélas î à servir de théâtre à des scènes de ce genre, mais il faut avouer qu’il n'existe pas de lieu mieux agencé pour les provoquer. A l'assistance judiciaire, en effet, les adversaires, fort souvent divisés par des différends qui les émeuvent profondément, sont convoqués longtemps à l'avance et entassés dans un étroit couloir. La, pen dant des heures parfois, des époux sépa rés se retrouvent, en un tête-à-tête, qui exaspère leurs griefs. Mutuellement ils s’excitent, se mesurent du regard, bien tôt ils s’adressent des reprochés, des in jures et parfois la scène se termine par un drame. Lorsque, par bonheur, les cho se ne vont pas jusque-là, ils n’en reste pas moins que toute tentative de conciliation dans l’état d'exaspération où se trouvent les parties, est inutile. A co danger un remède très simple s’impose : convoquer les parties dans des locaux séparés, et ne les mettre en pré sence. qu’en les introduisant par des por tes séparées, devant le bureau de l'assis tance. Cette mesure ne compliquerait en rien le travail des employés, tout le inonde la réclame au Palais, car. seule, elle permettra de diminuer le nombre des drames trop fréquents qui s’y produisent depuis plusieurs mois. PIERRE NOLAY.,...