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La Petite République, 16 novembre 1904

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La Petite République
16 novembre 1904


Extrait du journal

Le général André est démissionnaire. Il a pris celte résolution dans des cir constances où il ne courait plus aucun risque, sa popularité dans le parti ré publicain s’augmentant en raison de la haine croissante des réactionnaires. Ceux qui Vont approché au moment où il écrivait au président du conseil sa lettre de démission témoigneront que, pas une minute, il n’a songé à lui-même. Il se sentait plus décidé que jamais et plus apte à la bataille, sans crainte des risques ni des coups. Les autres au raient peut-être fini, comme il disait, par avoir sa peau. Mais il la leur eût fait payer cher. Depuis cinq ans qu’il consacrait ses efforts à l’œuvre de salut pour laquelle M. Waldeck-Rousseau avait invoqué son dévouement, il n’avait cédé ni aux menaces ni aux flatteries. Même il pous sait le scrupule jusqu’à mécontenter certains membres de la majorité en leur refusant les satisfactions qu’il ju geait préjudiciables à la démocratisa tion de l’armée. Il avait accepté un poste ; il s’y tenait ferme, intraitable, comme le conscrit de la légende qui imposa le respect de sa consigne à son empereur lui-même. Il était pour le parti républicain une garantie, la plus sûre garantie. Jusqu’au bout il a su rester tel. Et s’il part, avant l’heure, c’est encore le souci du devoir républicain qui lui dicte sa conduite. Il n’a pas voulu, en effet, qu’à la faveur d’une confusion de séance et d’un ordre du jour équivoque, son successeur fût entravé et ne pût continuer librement l’œuvre salutaire. Ces raisons-là, qui lui font honneur et que, dans sa modestie, il eût sans doute tenues cachées, il est juste que ceux qui en reçurent la confidence les révèlent. Car le général André a droit à l’entière estime des républicains, et il serait mauvais que ceux-ci lui repro chassent son départ comme une défec tion. Grâce à son désintéressement, Bertcaux, que la confiance du ministère et l’estime du parti républicain appellent à lui succéder, trouvera la carrière lar gement ouverte devant lui. Il saura, par des actes décisifs, prouver que cette substitution d’un bon républicain à un autre bon républicain à la tête de l’ar mée ne permet aucune espérance à la réaction. Le départ d’André nous chagrine. L’arrivée de Berteaux nous rassure. Il n’y a qu’un nom de changé dans la po litique française. GÉRAULT-RICHARD. — ■ - ■ - <# • » Un Duel Américain...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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