Extrait du journal

Quand l’erreur sur la personne remonte à plus de mille siècles, il n’y a pas grand mal. 11 en est autrement quand cette er reur tombe sur deux individus vivant à la même époque. C’est ce tiui vient d’arriver près de SaintMalo. Un brave homme a été arrêté et traîné en prison par l’autorité militaire sous pré texte qu’il avait dédaigné une convocation à une période de vingt-huit jours. Or il y avait méprise. 11 avait bel et bien accompli son devoir de réserviste : seulement on le prenait pour un autre dont il portait le nom. En province, où la curiosité ne va ja mais sans une pointe de malice, on peut même dire do méchanceté, on devine l’effet produit par une pareille arrestation. Une voisine qui en fut témoin et qui en tendit les gendarmes répéter à plusieurs reprises lo mot « réfractaire », mot d’au tant plus terrible qu’elle ne le comprenait pas, s’empressa de conclure à un attentat aussi grave que mystérieux. Deux heures après, le malheureux inno cent avait perpétré tous les crimes. Il en était un surtout que sa femme ju rait bien de ne jamais lui pardonner, c’é tait d’avoir fait semblant do rejoindre le régiment comme réserviste, évidemment pour avoir sa liberté pendant vingt-huit jours... et vingt-huit nuits î Naturellement, une fois l'homme en pri son, l’erreur se découvrit. Les gendarmes relâchèrent leur inno cent en l'avertissant d'un ton bourru « qu'il lâche do ne pas recommencer ». Fort de son droit, l’homme convoqué et injustement emprisonné va faire un procès à l’administration militaire. Excellente idée et bonne leçon pour les gendarmes qui sont gens perfectibles et ne resteront pas toujours sans pitié....