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La Petite République, 21 janvier 1903

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La Petite République
21 janvier 1903


Extrait du journal

Un Nouveau Privilège Comme on voit bien que nous vivons dans une société basée sur l’égalité devant la loi ! C’est à qui cherchera des distinctions plus ou moins honorifiques, décorations ou autres Colifichets, dont ceux qui les obtiennent as surent qu’elles sont toujours convertibles en avantages matériels. MM. les officiers de réserve préfèrent avoir tout de suite l’avantage matériel en atten dant le bout de ruban ; ce sont gens prati ques, et l’emploi de galonné in partibus, qui n’était jusqu’à présent qu’une amusette à fils de bourgeois, deviendrait bien vite une bonne profession, si le nouveau pro jet qu’on prête au ministre de la guerre devait réussir. On prétend en effet que le général André vient d’écrire aux compagnies de chemins de fer, pour leur recommander une pétition des officiers de réserve et de l’armée territoriale demandant à voyager à quart de place comme les officiers de l’armée active. Comme les grandes compagnies ont beau coup à se faire pardonner et qu’elles savent se servir au besoin des trucs patriotards, il n’est pas impossible qu’elles fassent aux 30,000 jeunes gens qui aiment à se promener tout dorés sur tranches le joli cadeau auquel ils croient certainement avoir droit, si toute fois le Parlement, qui vote les garanties d’in térêt, donne son assentiment. Les plus favorisés sous le rapport de la fortune iront se promener du nord au sud, bien installés dans les wagons de première classe qu’ignore le public qui voyage en payant. Les fils de commerçants se feront voyageurs pour la boutique de leurs pa rents : d’où économie notable sur les frais gé néraux. Grattez un peu le patriotisme professionnel, Vous trouverez presque tout de suite l’esprit de spéculation et la cupidité sordide de la bourgeoisie. Si la prétention des officiers de réserve était admise, on verrait ensuite s’agiter toutes les sociétés de rata poils en faveur des sous-offi ciers. Les caporaux et les cuisiniers de réserve réclameraient aussi la circulation gratuite. Et pourquoi pas ? Avec le service obligatoire, on aurait ainsi la gratuité pour tout le monde. Le ministre des finances, qui cherche des ressources nouvelles, n’a peut-être pas été consulté par son collègue de la guerre ; car c’est l’Etat, bien entendu, qui devra combler dans les caisses des compagnies le trou creusé par les officiers de réserve. Mais l’Etat contribuable, c’est Jacques Bonhomme, ce sont les travailleurs qui peinent sur la terre ou dans l’usine, et qui ne voyagent jamais. Ne faut-il pas qu’ils payent leur gloire ? Maurice Charnay....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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