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La Petite République, 24 février 1909

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La Petite République
24 février 1909


Extrait du journal

■ -»• •» ■ ■ JYCardiCfoas Grâce au ciel qui est vraiment très gentil depuis quelques jours et qui parait avoir compris enfin qu’il y a temps pour tout, pour rire aussi bien que pour pleurer, lo grand jour du carnaval a brillé hier d’un éclat dont il commençait à avoir perdu l'habitude. Les hypocondrcs, qui affectionnent d’enterrer nos joies les plus innocentes à mesure que le ca lendrier nous les prépare, ont dû « faire la pige », cette année, aux faux nez les plus longs : mardi gras vit encore ; il ne fallait pas vendre ses oripeaux avant de l’avoir tué. Or, on ne tue pas comme ça une fête, à la quelle il ne faut pour réussir qu'un rayon de soleil et l’assentiment général de toute une population. Le carnaval n’est plus ce qu’il a été ; tel qu’il demeure, il est invulnérable, n’ayant besoin pour vivre et gambader que de bonne humeur et de bonne volonté. Le fait est que ce qui le tuera maintenant, ce n’est plus l’exagération des frais ; des dé penses qu’il exigeait naguère, il ne reste plus que les confettis, le jonc d'un sou et les mir litons, qui sont, au contraire de la musique, le moins cher des bruits et, quoique cela, le plus gaimeot insipide. Dans l'inimaginable cohue, en effet, qui submergeait hier le moindre trottoir parisien et les plus notables chaussées, bien malin qui, du premier coup d’œil, eût distingué le bout de cotonnade voyante, le copeau de clin quant, la mèche de filasse qui suffisaient ja dis à équiper un « masque », au temps où il y avait des « masques ». Les travestis étaient perdus dans la foule et d'autant plus invisi bles qu’il n’y a plus guère pour s’en parer que les tout petits enfants. Pour les adultes, les plus imaginatifs se bornent aujourd'hui à retourner leur par dessus ; les étudiants, dont c’est l’honneur de rester jeunes et fantaisistes, sortent leurs bé rets. L’immense majorité, la sympathique et bien disposée multitude, se promène simple ment, contente de jouir du coup d’œil, de pié tiner fraternellement le long des boulevards et d’essuyer la gifle éparpillée des confettis. Le carnaval s’est « civilisé », comme tant d’autres fastes traditionnels; il n’y a pas à s’en plaindre, du moment que la mélancolie qu’il inspire aux rabâcheurs, il ne la partage pas lui-même : le mardi gras sans masques, «e mardi gras civil, démontre une fois de plus qu’une cérémonie peut devenir civile, sans pour cela tomber en désuétude....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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