Extrait du journal

surmenage plus terrible que celui des pays à longue durée de travail. Les ou vriers sortent de l’atelier au bout de huit heures, mais brisés, énervés, n’ayant plus ce reste de gaieté que le capitalisme de France laisse encore aux ouvriers français. » Et il concluait : « Je me demande si en conscience nous avons encore le droit de faire campagne pour la journée de huit heures. » A la bonne heure, mais qu’on le dise bien haut! et qu’on déchire des pro grammes de réformes qui ne sont plus, alors qu’un trompe-l’œil. Mais il oubliait, ce militant, que Marx, le grand promoteur de la jour née de huit heures, avait prévu l’objec tion. Il n’en estimait pas moins que « la législation ouvrière était la pre mière réaction consciente et méthodique de la société contre son propre orga nisme »>, et l’intensification du travail, qui suit la réduction de sa durée, lui apparaissait comme un stimulant à de nouvelles réductions. « 11 n’y a pas le moindre doute, écrit-il, que la tendance du capital à se rattraper sur l’intensifi cation systématique du travail—dès que la prolongation de la journée lui est définitivement interdite par la loi— et à transformer chaque perfectionnement du système mécanique en un nouveau moyen d’exploitation,doit conduire à un point où une nouvelle diminution des heures de travail deviendra inévi table. » Ainsi, comme le capital ne peut pas tendre au delà de la limite de rupture la force ouvrière, et qu’au contraire la durée de la journée de travail peut être réduite, la législation ouvrière aboutit nécessairement à améliorer la condition des travailleurs....