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La Petite République, 27 avril 1887

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La Petite République
27 avril 1887


Extrait du journal

nous rend pas encore la justice qui nous est due, il se produit néanmoins, dans les cabinets et chez les peuples étran gers, un mouvement de sympathie en notre faveur et une sorte de fatigue et d’énervement, provoqués par les procé dés dictatoriaux de l’Allemagne à l’égard de ses voisins. Il n’ignore pas que la Russie surveille avec une attention assez malveillante tout ce qui se dit ou se fait à Berlin. Il est en outre parfaite ment renseigné sur l’état de nos forces militaires, et il ne se dissimule pas que l’armée de la France républicaine est un gros morceau, qui étranglerait celui qui songerait à l’avaler. * *r* L’attaque brutale et de vive force étant pleine de périls et de hasards, M. de Bismarck a dû se dire qu’il avait djautres moyens à sa disposition pour nous faire du mal. On remarquera que c’est la troi sième fois, depuis le premier janvier, que nous pouvons croire à la possibilité d’une guerre immédiate et il serait pué ril de nier l’émotion causée dans la popu lation française par cette éventualité. Il est vrai d’ajouter qu’au moment précis où l’on peut croire que les canons vont partir tout seuls, M. de Bismarck re met prestement tous ses reptiles dans leurs couvertures et que les journaux à sa solde sifflent avec ensemble un hymne à la Paix. Puis, à peine sommes-nous remis d’une alarme si chaude, à peine a-t-on calmé nos angoisses patriotiques, le jeu recommence. La presse allemande reprend ses provocations , le chan celier prononce des discours remplis d’inquiétantes allusions. Il paraît vou loir mettre la main sur la garde de son épée. Il n’en est rien. Vingt-quatre heures après, il nous fait savoir qu’on a travesti ses intentions. Le ciel n’est pas plus pur que le fond de son âme. Il est un bon voisin, très soucieux d’observer les règles qui régissent les rapports des nations civilisées. C’est lui faire injure et le méconnaître que d’en douter. *** Pendant ce temps, la France s’est ar rêtée dans son œuvre de paix et de tra vail. Les transactions deviennent rares, les usines chôment,faute de commandes. Les journaux, irrités, se retournent contre le gouvernement et l’accablent, soit de reproches, soit de conseils. Les esprits se montent, les rancunes se ré veillent, les anciennes blessures se rou vrent et arrachent des cris de douleur patriotique aux patients. Le tour est joué. M. de Bismarck nous a fait du mal sans qu’on puisse l’accuser de nous avoir franchement provoqués, et le chancelier rit dans sa moustache et de notre crédu lité et de notre complaisance à tomber dans les pièges qu’il nous tend. A Quant à moi, je veux croire que, pour le moment du moins, M. de Bis marck n’est pas disposé à entrer en cam pagne et qu’il n’estime pas l’heure venue de se mesurer une dernière fois avec la France. Il ne juge pas le terrain suffi samment préparé. Il nous trouve encore trop riches, trop sages, trop unis devant...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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