Extrait du journal

Nous n’avons pas l’intention de recommencer ici les doléances qui ont si souvent retenti sur les déceptions réservées aux lauréats de l'institut après un long* et pénible apprentissage. Ce sujet pourrait nous fournir une foule d’histoires touchantes et de détails anecdotiques d’un piquant intérêt.—Pauvres lauréats ! après s’être morfondus pendant dix, quinze ou vingt années à la porte d’un théâtre lyrique, ils n’ont d’autre perspective qu’une vieillesse obscure et irréparable. Quelques-uns, il est vrai, finissent par obtenir les honneurs de la représentation, mais dans les cartons où elles étaient enterrées parfois depuis un quart de siècle, leurs œuvres ont perdu cette fleur de jeunesse, ce parfum de nouveauté qui leur eût d'abord prêté quelque charme; elles tombent sous les rires moqueurs d’un public dont le goût a subi une transformation profonde. Et voilà à quoi aboutit la résignation héroïque de ces vaillants esprits....