Extrait du journal

— Montaubry. L’Opéra n’a décidément pas de chance. Quoi qu’il fasse, les ténors ne lui veulent pas venir, les ouvrages nouveaux lui échappent, c’est en vain qu’il prépare à grands frais et de longue-main la reprise de ce chef-d’œuvre qu’on appelle Pierre remédiais ; rien ne lui réussit: lesartistessontmaladesàtour de rôle, les ténors les plus célèbres, les Ecarlat et autres deviennent poussifs en mettant le pied sur cette scène qui descend peu à peu au niveau d’un théâtre de province. Ce n’est pas la faute de la direction, mais celle du temps. Les temps sont durs, la vocale a dévoyé, des charlatans se sont emparés de l’art et prétendent le conduire. Enfin, pour comble de malheur, comme si aucune calamité ne devait être épargnée à notre époque, déjà si tourmentée, les princes, les comtes, les magistrats se mettent à composer de la musique et à faire des opéras. Sans doute, en ce temps de liberté, les princes et les magistrats ont bien le droit d’occuper la scène de l’Opéra ; mais alors pourquoi les élèves du Conservatoire, les prix de l’institut ne siégent-ils pas au Sénat ou ne président-ils pas un peu le Corps-Législatif?...