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La Presse, 1 décembre 1837

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La Presse
1 décembre 1837


Extrait du journal

je l'avais entendue la veille, à Paris, et malgré son adorable talent, j'a vais trop souffert de l'entendre accompagner par un orchestre déchu et des chœurs déchirans ; non pas les pompes d'une cour, j'avais vu celles de l'Empire ; mais j'ai vivement regretté de n'avoir pas vu cette jeune princesse, que les agitations d'un règne constitutionnel et l'éti quette conservée de nos anciens règnes n'ont pas empêchée de s'il lustrer dans les arts; entourée, comme elle l'était, d'une nombreuse famille et d'un peuple d'admirateurs, il a fallu une grande supériorité pour se soumettre aux études approfondies que nécessite up vrai ta lent ; car, princes ou bourgeois, les frères et les sœurs sont toujours goguenards entre eux, et l'ironie de famille estsouvent aussi redoutable que les flatteries des amis de cour; c'est donc dans les chefs-d'œuvre, dans les grands modèles, qu'une femme d'un haut rang peut seule trouver la leçon sévère que n'oserait lui donner l'artiste le moins cour tisan. Et c'ei-t déjà une révélation de l'art que d'en comprendre les chefs-d'œuvre. Puis, n'est-ce pas une grande victoire remportée sur la sottise, que cette preuve de mépris contre le préjugé qui condam nait autrefois les princesses du sang à la médiocrité des plus humbles amateurs, sous peine de s'entendre appeler artiste, injure la plus dédaigneuse qui pût atteindre alors uniront à demi-couronné? On trouvait tout simple de voir le public commenter ou calomnier même les moindres actions des princesses, mais on leur défendait de livrer un de leurs ouvrages à la critique ou à l'admiration publique. Quand elles aimaient les lettres, elles en étaient réduites, comme la reine Marguerite de Navarre, à écrire de petits contes licencieux pour se désennuyer et divertir leur cercle, ou bien des mémoires secrets à la manière de Charlotte de Bavière. Certainement, ces deux femmes d'esprit auraient beaucoup gagné à la permission d'écrire autrement qu'on princesses. Depuis que j'ai vu la nouvelle statue de Jeanne d'Arc, qette créa tion digne de nos plus grands maîtres, je me suis tracé le caractère de l'auteur d'après les diverses qualités de l'ouvrage. C'est une constante manie de ma part, d'autant plus incorrigible, qu'elle m'a toujours bien guidée dans mon jugement; car si le style est l'homme, la composition est la femme. C'est là qu'elle révèle les facultés de son âme, la pureté de son imagination, l'étendue de son esprit. Tout sert d'aveu aux femmes, et le choix d'un sujet est ordinairement la naïve expression de leur pensée dominante, de leur culte secret....

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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