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La Presse, 1 juin 1839

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La Presse
1 juin 1839


Extrait du journal

avec un tablier de toile et lavant dans un baquet véritable les véritables pieds des pèlerines. C'est l'usage à Rome; les grandes dames, au jour du jeudi-saint, s'humilient de la sorte en lavant les pieds poudreux des pau vres filles. Cela est fort édifiant. Mais comme il faut être grande dame pour avoir le droit de s'humilier ainsi, il en résulte qu'on attache à cet acte d'abnégation une très grande vanité, et nous nous rappelons encore en souriant que les filles de M. de C*", qui étaient alors deux enfans, et qui sont aujourd'hui deux femmes belles et spirituelles, vinrent à cette cérémonie toutes joyeuses et toutes fières, parce que, en leur qualité de filles d'ambassadeur, elles avaient obtenu l'honneur insigne d'aller avec la princesse Doria, et le3 autres princesses romaines, laver les pieds des pèlerines au Vatican. Parmi les célébrités politiques qui ornaient le bal de vendredi dernier, on remarquait le président du conseil du 22 février, causai! très coquette ment à l'ombre des gobéasavec le président du iS avril. Et 'cette con versation probablement très agréable à entendre, était assez triste à regarder; quoi! M. Thiers, vous avez renversé à force d'injures un minis tère qui n'avait que le tort de durer, vous avez dit pendant trois mois à un homme d'honneur qu'il trahissait son pays, qu'il manquait de dignité, . qu'il faisait de la.corruption un système; vous l'avez abreuvé des injures les plus amères, vous l'ayez criblé des traits les plus perçans, et vous ve nez aujourd'hui, à la face de toute la société, devant tous ces; étrangers, qui ont frémi de vos combats; vous venez minauder, ricaner et coqueter politiquement auprès de lui, auprès de ce ministre vaincu pas vos intrigues! Mais vous ne savez donc point les malheurs qui sont résultés de vos luttes ? Vous avez donc oublié les quarante faillites qui ont perdu tant de pauvres gens ? Vous avez donc oublié cet échantillon de guerre civile qu'on nous a offert il y a auinze jours? Ces hommes ruinés par vos co lères ne vous ont donc rien enseigné ? ce sang versé pour vos capricéS ne vous a donc point répondu ? Vous êtes léger, cela dit tout ; et parce que vous êtes légèr, il faut que la France soit bouleversée. Vous jetez par terre trône et ministère ; vous paralysez toutes les affaires d'un pays ; l'agriculture languit, l'industrie étrangle, l'intelligence étouffe; tout est suspendu,1 tout est en souffrance; c'est vous qui causez tous ces troubles, et vous n'avez pas même des convictions apparentes pour ex cuse de vos attaques. Vous renversez nu ministère avec des injures, et vous n'avez pas même'une haine dans le cœur potu: explication de vos outrages. C'est.misérable, monsieur ! , . L'ambassadeur de Turquie, à propos de ces hpuunes qui s'attaquent avec fureur le matin à la chambre, et qui se promènent etr causant gaie ment ensemble le soir dans nos salons, disait ce mot charmant, tout brillant decBuleur orientale • « Le matin, tigres; le soir frères. » Des hommes qui aimeraient véritablement leur pays, seraient le con traire; ils seraient frères lé matin pour s'entendre sur ses intérêts, ils...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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