Extrait du journal
donc pas livrer mes ennemis (si je peux me servir d'un mot qui n'a pas beaucoup de sens pour moi) à des juges sans entrailles ou sans lumières, et aux arrêts d'une opinion que ne dirige pas la moindre pensée religieuse, que n'éclaire pas le moindre principe de charité. Je ne suis pas une sainte : j'ai dû avoir, je le répète, et j'ai eu certainement ma part de torts, sérieux aussi, dans la lutte qui s'est engagée cntre moi et plusieurs individualités. J'ai dù être injuste, violente de résolutions, comme le sont les organisations lentes à se décider, et subir des préventions cruelles, comme l'imagination en crée aux sensibilités surexcitées. L'esprit de mansuétude que j'apporte ici n'a pas toujours dominé mes émotions au moment où elles se sont produites. J'ai pu murmurer contre mes souifrances et me plaindre des faits, dans le secret de l'amitié; mais jamais de sang-froid, avec pré méditation et sous l'empire d'un lâche sentiment de rancune ou de haine, je n'ai traduit personne à la barre de l'opinion. Je n'ai pas voulu le faire là où les gens les plus purs et les plus sérieux s'en attribuent le droit : en politique. Je' ne suis pas née pour ce métier d'exécuteur, et si j'ai refusé obstinément d'entrer dans ce fait de guerre géné rale, par scrupule de conscience, par générosité ou débonnaireté de caractère, à plus forte raison ne me démèntirai-je pas quand il s'agira de ma cause isolée. , . \ Et qu'on ne dise pas qu'il est facile d'écrire-sa vie quand on en retranche l'exposé de certaines appiicàîions essentielles de la volonté. Non, cela n'est'pas facile, car il faut prendre franchement le parti délaisser courir desrécitsabsurdes et defolles caloiunies, ot j'ai pris ce parti-là, en commençant cet ouvrage. Je ne l'ai pas intitulé mes Mémoires, et c'est à dessein que je me suis servi de ces ex pressions : Histoire de ma vie, pour bien dire que je n'entendais pas raconter sans restriction celle, des autres, Or, dans toutes les circonstances...
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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