Extrait du journal

Depuis vingt mois, nous entendons le même refrain ; depuis vingt mois, chaque fois que le Ministère est dans l'embarras, on nous parle de l'épuration du personnel administratif et judiciaire ; depuis vingt mois, on dirait que l'avenir de "la Républi que et du pays dépende de quelques desti tutions et de quelques .mises à la retraite. Des hommes modérés, comme le Prési dent de la Gauche, l'honorable M. Ber nard-Lavergne, se font l'écho de passions provinciales et réclament la rénovation absolue de toute l'administration fran çaise. L'ardeur des lattes électorales a di visé les villes et les bourgs en deux camps ennemis ; chaque camp a eu des meneurs qui ont poussé la passion politique jus qu'à la haine, et les meneurs du par ti triomphant considèrent volontiers tou-# tes les fonctions publiques comme des dépouilles opimes qu'on ne saurait leur marchander. Si les députés de la gauche ont la faiblesse de se laisser diriger par leurs comités, la France ne sera bientôt ni administrée, ni gouvernée. Parmi les fonctionnaires, il en est qui détiennent une part de l'autorité publique et qui sont les représentants directs du Gouvernement. Ge sont les préfets, les sous-préfets, les procureurs généraux, les conseillers d'Etat. Ces fonctionnaires sont, par la nature même de leurs fonctions, su jets aux soubresauts de la politique. Lors que le régime gouvernemental se modifie complètement, ils doivent s'attendre à être remplacés. Nous ajouterons qu'ils doivent avoir l'honnêteté de donner, en ce cas, leur démission. Un gouvernement, quel qu'il soit, ne saurait conserver des agents qui ne sont pas avec lui en parfaite com munauté de vues et de tendances. Cette épuration nécessaire, on a eu le temps de la faire. Deux ministères s'en sont occupés. Pendant dix-neuf mois le Journal officiel a publié, à périodes rapprochées, des décrets et des décisions modifiant le personnel de l'administration politique. Il...