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La Presse, 1 septembre 1868

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La Presse
1 septembre 1868


Extrait du journal

— Ah ! bonne créature, comment te remer cier de tout cela? — Ah! mademoiselle, vous m'avez tout payé en me disant : « Viens avec moi prier jour eux! » et en m'eminenant, tandis que es autres sont restés... — Alors, toutes deux, prions ! fit Jeanne en se laissant tomber sur ses genoux. Jeanne s'abîma dans une prière émue, pleine de foi et d'amour. Quand elle se rele va, elle se sentit plus forte et plus ferme, plus maîtresse d'elle-même, plus capable d'envi sager la vie avec calme et de subir ses assauts avec courage. Elle s'assit sur le gazon, au pied des tombes chéries, et promena autour d'elle ses yeux, où il y avait encore des lar mes, comme si elle eût voulu graver dans son âme des souvenirs et des images qui, désor mais, ne s'en effaceraient plus. Par dessus les haies vives qui servaient d'enclos, on apercevait la mer déroulant sur le sable gris ses larges vagues toujours agi tées, dont la plainte monotone montait dans l'air silencieux. A l'horizon, le mont SaintMichel, immobile et muet, dressait sa grande silhouette mome. C'était une belle journée d'automne, avec un ciel bleu, de ce bleu délicat et pâle qui n'atteint jamais l'éclat de l'azur méridio nal; mais c'était sous ce ciel que Jeanne avait pour la première fois ouvert ses yeux à la lumière, et elle le trouvait charmant dans sa grâce mélancolique. : —N'est-ce pas, mademoiselle, dit à voix basse Jacqueline qui la voyait absorbée dans sa contemplation, n'est-ce pas, mademoi selle, que vous ne méprisez pas le pays ? — Le mépriser ? Non ! va ! je l'aime ! ét c'est là que j'aurais voulu vivre... si... ; —si? : —Si j'avais pu. — Oh! comme si on ne pouvait pas toujours quand on veut !... D'abord, rien n'est cher ici... Ce n'est pas comme à Paris, où il paraît qu'on vous vend tout... jusqu'à la mauvaise eau qu'on vous fait boire... Pour vous loger, vous aurez la Rosière, qui est, autant dire, le plus joli endroit du département ; pour vous servir, vous aurez moi, qui ne vous coûterai pas grand'chose... — Eh bien ! ma pauvre Jacqueline, tout cela même ne suffirait pas, et il faudrait en core que tu pusses me nourrir. — Il ne faudrait pas m'en défier ! — Eh! comment ferais-tu? — Ce n'est pas si gros à faire un ménage comme le vôtre ! après avoir travaillé pour vous, j'irais bien travailler pour les autres... et avec ce que je gagnerais......

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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