Extrait du journal

que ce soir... Elle avait les traits plus reposés, le regard plus jeune, mais il ne s'en dégageait pas par instants cette lueur, pour ainsi dire diabolique, qui a frappé tout le monde. — Cest vrai, fit un convive, son regard m'a fait une étrange impression. — A moi aussi, ajouta un autre.... — Pourtant, à l'époque dont je parle, pouiv suivit Mériatine, elle attirait déjà l'attention... Sa mise était originale comme sa beauté. .. Elle occupait comme ce soir une: première loge, et à son entrée toutes les lorgnettes s'étaient tournées vers elle... J'étais dans la salle, et je n'avais pas été un des derniers à l'admirer... — Et à la courtiser sans doute, dit une voix... — Cela non... Je n'ai jamais essayé de lui parler... Il n'y eut qu'une voix parmi les convives : — Allons donc !... Et chacun se mit à se récrier... Mais l'attaché se défendit avec chaleur: - — Parole d'honneur !... Je trouve pour tant la femme très belle, mais son genre de beauté ne me plaît pas... — Peste! Vous êtes dégoûté, dit une voix... — Enfin, fit un des convives, quel genre de femme est-ce ? C'est une cocotte ? — Non. Il y eut un murmure d!incrédulité. — Non, appuya le gentilhomme russe, ce n'est pas une cocotte, dans le sens que vous attachez à ce vocable parisien... Ce n'est pas une grande dame non plus, et ce n'est pas une femme vertueuse, car elle a eu, à ma connais sance, plusieurs amants... On se mit à rire bruyamment... — Qu'est-ce donc, dit quelqu'un, que Méria tine appelle une cocotte? — Une cocotte, répliqua l'attaché, est une femme vénale, que tout le monde ou à peu près peut avoir pour de l'argent... Il suffit le plus souvent de pouvoir y mettre le prix... Or, celle-ci, je défie l'homme qui ne lui plairait pas d'essayer de l'acheter... Pour un million 15 n'obtiendrait »as ses faveurs......