Extrait du journal

jeu, il se passa la main sur le front d'un air assez maussade. Il ne lui restait plus qu'une centaine de mille francs. S'il payait sa dette, c'était la misère et une misère immédiate, car il était évi dent que ses vingt derniers billets de mille ne le conduiraient pas loin, à moins que lehasard des cartes ne lui vint en aide. Bien qu'il tût entré dans une existence où ces choses-là se mettent en ligne de compte, il n'osa pas s'y fier et résolut de trancher la difficulté par la fuite. Un quart d'heure lui suffit pour pren dre cette grave détermination. Il ne se dissimulait pas que c'était se fermer un monde où le seul respect qu'on ait peut être gardé intact est le respect des dettes dé jeu ; mais, d'autre part il se disait qu'un homme absolu ment sans ressources avait bien peu de chances d'arriver à cette fortune qu'il n'avait pas cessé une minute d'ambi tionner. N'ayant considéré la vie qu'il menait depuis trois mois que comme un inter mède, il s'arrêtait net ses cent premiers mille francs absorbés ; tant pis pour les géas que sa conduite devait léser. Devenu riche, il remettrait sa probité à neuf en payant ses créanciers ; cela irait tout seul... Jusque-là on pour rait diffamer à son aise le comte de Tré mor, cela lui importait peu puisqu'il re devenait simplement Gabriel Girard. Trois heures après s'.être fait ce petit raisonnement, il avait revendu son mo bilier sur place, acquitté le loyer de son appariement, retiré son argent de la Banque, et était parti pour Londres. Huit jours après il s'embarquait pour le Canada. GEORGES FATH. (A suivre.)...