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La Presse, 3 septembre 1868

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La Presse
3 septembre 1868


Extrait du journal

Nos lecteurs nous pardonneront de re venir encore sur le procès de Nîmes; mais jamais- affaire ne fut plus instructive et n'éclaira d'un jour plus complet notre si tuation intérieure, en faisant voir jusqu'à l'évidence comment l'intempérance et les excès de zèle de fonctionnaires malavisés compromettent les gouvernements les plus solides, détruisent leur popularité et leur prestige, et leur donnent gratuitement un vernis de despotisme et de brutalité. On ne peut lire sans un douloureux étonnement, dans le réquisitoire du pro cureur impérial, des phrases, telles que cellès-ci : « Il est permis de dire que le malheur qui a ensanglanté cette soirée ne fût ja mais arrivé si les organisateurs de la réu nion eussent obéi aux sommations de la loi. » Et un""mstant après : « Après ce que l'autorité avait fait, on' ne pouvait exiger plus. Aller au delà, c'eût été abdiquer, sacrifier la loi, et plutôt que de céder, elle a mieux aimé accepter le défi qu'on lui jetait, afin qu'au moins, à l'ave nir, il n'y eût plus d'équivoque possible. » Est-il possible d'imaginer rien de plus monstrueux et de plus insensé qu'un tel langage dans la bouche d'un dépositaire de l'autorité ? Ce qu'il y a surtout d'ef frayant, c'est la bonne foi, c'est l'évidente sincérité du magistrat qui parle ainsi. Il n'a pas conscience de l'énormité de son langage; il ne se doute pas que la doctrine qu'il professe est la pure théorie du des potisme. La différence fondamentale entre les pays despotiques et les pays libres, c'est que, dans les premiers, l'autorité réclame pour elle-même, et par cela seul qu'elle a parlé, une obéissance qui, dans les se conds, n'est accordée qu'à la loi. Qu'y avait-il en présence, dans cette réunion de Nîmes, après l'invasion des commissaires de police? Deux opinions légales : les mandataires dupréfeteroyaient avoir la loi pour eux, en requérant la dis persion des assistants. Les promoteurs de la réunion étaient tout aussi fermement convaincus que le droit était de leur côté. A qui appartenait-il de prononcer entre ces deux opinions? A la justice et à elle seule, puisque seule elle est l'interprète de la loi. Qu'y avait-il donc à faire, sinon de saisir immédiatement les tribunaux? Mais non : au point de vue politique, M. le procureur impérial de Nîmes estime que la loi eût été sacrifiée, si l'on s'était borné à constater par un procès-verbal le flagrant délit-, si on avait laissé M. Cazot...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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