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La Presse, 5 février 1839

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La Presse
5 février 1839


Extrait du journal

Au commencement de cette session, la France était calme, pleine de confiance dans la sagesse de son gouvernement, tandis que les chefs de la coalition voyageaient en Italie ou se reposaient au fond de leur campagne des travaux ou plutôt des intri gues de la dernière séssion; le ministère avait étudié les be soins du pays et préparé plusieurs projets de loi vivement récla més par l'intérêt public. Parmi les questions qui appelaient une prompte solution et dont il s'était plus spécialement' occupé, nous citerons celles des sucres et des chemins de fer. On sait avec quelle impatience les compagnies de chemins de fer atten daient la session dans' l'attente d'une solution quelconque ; tous les travaux étaient depuis quelque temps suspendus. Quant à la question des sucres, il y a trois mois, une enquête a été ou verte devant le conseil supérieur du commerce, et le mi nistère, dans sa sollicitude pour les grands intérêts engagés dans ce débat, le ministère avait assisté à toutes les séances du conseil. Jamais ministres n'avaient montré un plus grand désir de s'éclairer avant de prendre un parti. A la suite de cette en quête solennelle, un projet de loi a été préparé et devait être sou mis aux chambres dès le début de la session. Une autre question importante, celle des lins avait aussi attiré l'attention du gouver nement. Une commission nommée pour rechercher, de concert avec des commissaires du gouvernement anglais, quelles modifi cations peuvent être introduites dans nos lois dédouanés, étudiât toutes les questions qui s'y rattachent et les moyens d'étendre nos relations avec l'Angleterre. L'armée avait également excité la sollicitude du gouvernement. Plusieurs projets de loi étaient pré parés; l'un d'eux était destiné à améliorer la position des officiers et des sous-officiers. Ainsi nos colonies, notre marine, notre puis sance navale, nos grandes voies de communication, notre armée, tous ces grands intérêts, devaient trouver dans celte session la sa tisfaction qu'ils réclament. Mais l'ambition de quelques hommes en a décidé autrement. Le pays, c'est eux et leurs amis. Que leur importe le reste? Cinq semaines:ont été employées à la préparation et à la discussion d'une adresse, dans le seul but de renverser des ministres dont on était impatient de prendre la place. Toutes les passions ont été déchaînées, les théories les plus dangereuses ont été proclamées pour arriver à ce résultat. Le pays, il n'en a pas été un seulinstant question. Grâce à la fermeté des 221, l'intrigue a échoué, et le projet d'adresse de la coalition a été repoussé... Après le premier échec, elle ne s'est pas tenue pour battue; restaient les projets de loi d'intérêt^généralj et c'est là qu'elle se proposait de prendre sa re vanche. Qui n'a entendu dire aux hommes de la coalition qu'ils étaient décidés à.déposerunc, boule, noire contre tous les projets de cette nature que présenterait le ministère? Il faut bien le recon naître, si la coalition élaitimpuissante pour renverser le ministère, elle aurait cependant réussi à lui reudrelegouvernementimpossible, en faisant rejeter tous ses projets. Pour s'en convaincre, il suffit de remarquer qu'il n'est aucun projet de loi d'intérêt général qui ne froisse quelques intérêts particuliers. Si donc aux votes hostiles de ces intérêts privés viennent se joindre systématiquement ceux d'une coalition nombreuse décidée à repousser, pour des motifs et des passions de partis ou des ambitions personnelles, tous les pro jets présentés par un ministère afin de le faire tomber, il est dif ficile que sur chaque question il ne trouve contre ses projets une majorité formée de la coalition et des intérêts qu'il a voulu faire plier devant l'intérêt général. Aussi le plan de la coalition eût pro bablement réussi. La dissolution seule pouvait, en ralliant à un cabinet une majorité nombreuse, assurer le vote de ces lois. Ce n'est qu'en s'appuyant sur une telle majorité qu'une administra tion peut faire prévaloir l'intérêt général contre les résistances des intérêts dissidens. Ainsi, même à n'envisager la dissolution que sous le point de vue des intérêts matériels, cette mesure était nécessaire. Elle hâ tera le moment où satisfaction pourra leur être donnée. C'est donc sur la coalition que doit retomber toute la responsabilité du re tard qu'éprouve la réalisation des voeux du pays. A elle seule, il devra en demander compte. C'est parce qu'elle prévoit qu'elle au...

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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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