Extrait du journal

Oui ne sut se borner... Quand un journaliste a une idée et qu'elle est bonne, tous les confrères se jettent des sus pour l'embellir, l'améliorer et quelque fois la déformer tout à" fait. Nous ne sommes pas en notre profession susceptibles de ce bas sentiment qu'on ap pelle la jalousie. Ce n'est point cette vilaine pensée qui a fait rechercher si, avant l'Intransigeant, personne n'avait songé à glorifier le poilu inconnu. Non, c'est le simple souci de la vérité historique I On a cherché et on a trouvé, mais on sait que l'histoire se prête à toutes sortes de combinaisons où la réalité n'a rien à voir. Aussi ne s'en est-on pas ému autrement. Quoi qu'il en soif, une idée, très belle, très noble, a été proposée et acceptée. Tant que le gouvernement n'avait pas fait sienne cette initiative, la presse a bataillé ferme et elle a, en quelque sorte, forcé la main des hommes au pouvoir. On aurait pu s'arrêter là, pensant' bien que le gouvernemnt ne lésinerait pas et que l'hommage de la Nation serait digne d'elle et du symbole qu'on voulait immortaliser. C'est ce qu'on n'a pas su faire. Chaque jour, apporte ses propositions nou velles. M. Millerand suivra à pied le cor tège pendant les six kilomètres du parcours. Cela n'a pas d'importance, parce que notre président est un jeune homme. Mais les maréchaux, dont il avait été question d'abord, sont plus, âgés bien qu'aussi jeunes, et il était peut-être indis cret de les soumettre à cette épreuve. Ensuite le Panthéon, sanctuaire de nos gloires littéraires, est mal adapté au but poursuivi. C'est l'Arc de Triomphe qu'il faut. Enfin, on demande qu'une mère de poilu soit désignée .pour suivre, en longs vête ments de deuil, le corps du « Soldat In connu ». . On n'a pas insisté. Il est trop clair, en effet, que c'était la suppression même de l'anonymat1. Non, il est cent fois préférable qu'on, ne fasse d'exception pour personne et que. le pauvre petit qui traversera Paris au milieu de l'émotion générale soit véritablement l'enfant de toutes les femmes qui ont perdu un être cher*C'est lundi que le Parlement devra se prononcer en approuvant' le projet du gou vernement. Il faut souhaiter que, par dignité natio nale, toute controverse soit supprimée et que le vote ait lieu dans te silence qui est, à la Chambre comme partout, la marque des suprêmes respects....