Extrait du journal

Dans les pays qui sont à la fois réglés et libres, tout peut se résoudre, et se résout, en effet, par la loi et par la liberté. En France, où les mœurs politiques ont tant de progrès à faire, le gouvernement, pour se maintenir, compte plus sur la force que sur la loi ; et le parti conservateur, pour se défendrè, compte plus sur le gou vernement que sur lui-même. C'est de cette double erreur, de cette double faute, que proviennent l'instabilité de nos gouvernements et l'impuissance du parti conservateur. Le jour où le gouvernement-oubliera qu'il est le pouvoir pour ne rien demander qu à la loi ; le jour où le parti conservateur, pour combattre les dangers de la licence, ne songera à se servir que des armes que lui fournit la liberté; ce jour-là, l'autorité sera forte comme la loi, dont elle aura la patience et la dignité ; ce jour-là, le parti conservateur sera sûr de la victoire" comme la liberté, dont il aura le courage et la modération. , C'est sur le respect de la loi, et sur quel que chose de plus encore que lo respect de la loi, la confiance dans la loi, que se fonde l'autorité d'un gouvernement ; c'est sur le respect de la liberté des autres partis jus que dans ses excès, que se fondera l'au torité du parti conservateur, qui doit obtenir la prépondérance à force de la mé riter, et emprunter à l'opinion seulement le droit de diriger l'opinion. Tels sont les vrais principes des gouver nements qui veulent gouverner ; tels sont les vrais moyens des partis conservateurs qui veulent conserver. Pour inspirer la confiance, il faut que le gouvernement'l'é prouve et se garde également des vaines terreurs et des maladroites violences. Pour qu'on ne doute pas de sa force ou de ses lumières, il faut que le parti conservateur n'en doute pas lui-même, ét luttant d'union et d'énergieavec ses adversaires, ne déserte pas plus l'épreuve de Faction que celle de la discussion, ne se drape plus dans l'abs tention et ne s'endorme plus dans l'i nertie. L'empire du monde, a dit un moderne, est aux flegmatiques. 11 est plus juste de dire, avec un ancien, que l'empire du monde est aux audacieux. Toute notre histoire le prouve. Le ciel n'aide que ceux qui s'aident eux-mêmes. L'opinion ne se laisse dompter que par ceux qui osent la saisir. Mais si l'audace a pu assurer plus d'une fois le triomphe de ceux qui ont tort, combien plus facilement assureraitelle, la victoire à ceux qui ont x'aison, s'ils savaient être capables d'audace et s'ils osaient à leur tour avoir raison ? Si les gouvernements, se piquant plu tôt d'être justes que d'être forts, n'avaient jamais rien demandé qu'à la loi ; si le...