Extrait du journal

C'est lk qu'il fut père d'une fiîle « belle comme le jour », au dire des commères de l'endroit. . Si peu qu'on mangeât dans ce ménage ri goureusement cloîtré, il fallait manger ; or, un jour vint où l'on n'eut plus de quoi payer le pain quotidien. La faim fait sortir Jes loups du bois, — et les musiciens pareille?ment. Le nôtre demanda et obtint l'autori sation de dohner un concert, et, attendu que les distractions étaient rares dans la locali-. té, il se trouva, contre l'attente du bénéfi ciaire, que l'auditoire fut assez nombreux et que la récolte fut assez ronde. Les assistants avaient espéré que la fem me du musicien paraîtrait au concert, sinon comme exécutante, au moins comme orne ment. II n'en fut rien. Interrogé sur les mo tifs de cette absence, la musicien répondit que l'état de santé de sa femme la retenait k la maison. . . : Le fait est que la pauvre créature allait de mal en pis. Le médecin qui la soignait, et qui seul fut admis ,k pénétrer auprès d'elle, avait réussi k gagner sa confiance. Il par lait italien très couramment, et, attendu qu'elle ne savait pas un mot de français, elle trouvait un vif plaisir k s'entretenir avec lui, et il avait uni par connaître le se cret de sa vie. : . : . Elle appartenait k une excellente famille de Florence, qu'elle avait abandonnée pour suivre son professeur de piano. Gomment cette espèce de singe avait réussi k se faire adorer d'une telle personne, car elle était admirablement belle, c'est ce que le docteur fut inhabile k s'expliquer et k comprendre. , Un jour qu'il lui demanda : . — Pourquoi ne vous épouse-t-il pas ? . Elle répondit simplement et sans colère : — Parce qu'il est marié k une autre „ femme......