Extrait du journal

M. Duclerc, président du conseil, s'est beaucoup occupe depuis quelques années ' de la question du canal maritime de l'Océan ! à la Méditerranée. Il a pris l'initiative d'un ; des'projets sur lesquels se sont portés les études des ingénieurs. Une commission a été nommée il y a un -: mois et demi environ pour prendre une décision.atdécider.notamment si le,projet-doit-, être déclaré.d'utilité publique. . Les ingénieurs ont reconnu qu'aucune impossibilité matérielle ne pouvait en em pêcher la réalisation ; il n'y a même pas de difficulté sérieuse. On n'a été arrêté jusqu'à .présent que par le désaccord existant sur le chiffre de la dépense. . M. Duclerc affirmait qu'une somme, de cinq à six cents millions serait nécessaire ; la première commission ' qui a étudié le: projet prétend qu'il faudrait au. moins .quinze cents millions. L'écart, on le voit, est considérable. Il -ast vrai que dans ce chiffre de quinze cents millions se trouve rait comprise la dépense nécessitée par la construction d'ouvrages militaires aux deux • extrémités du canal, à Bordeaux et à Narbonne. Cette dépense ne serait pas de moins de. cinq, cents millions. Mais ce n'est pas là, il faut en convènir, le canal lui-même; De l'aveu même de la première commission le canal seul coûterait moins d'un milliard. , Nous ne voulons pas rechercher si ce dernier chiffre n'est pas, lui aussi, très exagéré. Nous l'acceptons et nous affirmons que, même à ce prix, la France devrait se hâter de mettre la main à un travail qui, pour elle, est d'une importance de premier ordre. . Tout le. monde reconnaît que le moment, approche où la France sera obligée de dé fendre sa position dans là .Méditerranéecontre de multiples adversaires. La lutte serait même déjà engagée si la Chambre: n'avait pas eu le bon esprit de prouver jus qu'à -l'évidence que 'nous n'aspirons pas' à conquérir l'Egypte. Notre lot en Afrique est suffisant ; mais il doit être maintenu dans son intégrité. Ce n'est pas au moment'où nos conquêtes sur la côte d'Afrique, sorties enfin de la période des sacrifices, sont sur le point de produire des fruits, que nous pouvons les abandonner aux convoitises de concurrents qui n'ont rien fait qui légitime leurs ambitions, ■ Nous voyons en ce moment l'Italie faire tous ses efforts pour amener une alliance entre l'Allemagne et l'Angleterre, doiit elle ferait partie. L'Italie vise' notre situation dans la Méditerranée ; elle voudrait y deve nir notre héritière. L'alliance qu'elle pour suit est probablement irréalisable; nous sommes en excellents termes avec l'Angle...