Extrait du journal

Un jour que Richelieu s'entretenait avec René, le père Joseph se présenta triomphant. — La Rochelle est à nous ! s?écria-t-il. — Comment? demanda vivement le car dinal. — J'ai découvert un égout, par lequel des troupes pourront pénétrer dans la ville. —■ Vive Dieu ! allons voir. On se rendit aussitôt à l'endroit où l'égout débouchait sur le rivage du canal, un peu en avant de la digue. On fit sonder le passage, d'abord avec une longue perche; puis plusieurs hommes s'y engagèrent, l'un à la suite de l'autre, car le conduit était étroit. Quatre des explorateurs revinrent bientôt, ayant les chausses tout enduites de vase. . —Impossible d'avancer au bout de deux cents pas!,dirent-ils. On enfonce. — Mais il manque un homme, fit observer le capucin. — Celui-là, répondit-on, a voulu aller plus loin. — Attendons, alors. Une demi-heure se passa. L'homme ne re venait point. — Il aura péri, dit-on. — Silence ! fit le père Joseph en frappant du pied. Eminence, ne vous découragez pas. — Quel dommage, murmurait Richelieu,, si nous ne pouvions pénétrer par là !, On préviendait lés mécontents de la ville, qui veu lent se révolter contre Guiton, et ils feraient cause commune avec la îroupe qu'on jette rait dans la Rochelle. — Patientons donc ! Enfin l'émissaire reparut à l'entrée du con duit. Il avait l'air satisfait,_ mais il était cou vert de vase jusqu'à mi-cuisse. _ — Eh bien ? demanda Richelieu. J'ai revu le ciel, et devant moi se dressait la porte de l'Horloge avec ses deux tourelles. Le cardinal se frotta les mains. — Mais, continua l'homme, une expédition serait impossible. —Pourquoi? On a de la boue jusqu'où vous voyez, monseigneur. Mais ee n'est pas tout : un homme seul peut passer et a la fois... — Qu'importe ! — Et il y a un poste, avec des sentinëlles, à dix pas. A l'œuvre ! s'écria Richelieu. Une ma...