Extrait du journal

Supposons que Rosas soit forcé d'abandonner Buénos-Ayres, et que les puissances occupent cette ville en même temps que Montevideo, maîtresses du littoral, elles devront mettre une armée en campagne pour poursuivre Rosas qui interceptera l'intérieur et.isolera le littoral, privé ainsi d'alimentation. Tenter de mettre des soldats européens aux prises avec les Gauchos serait un projet insensé.. Le champ de bataille serait de huit cents lieues; et deux jours suffisent au Gaucho pour.aller du centre à la circonférence. Il fait cinquante lieues de soleil à soleil sur ces prairies sans fin où l'horizon n'a pas de limites. Toujours à cheval, le Gaucho a presque oublié l'usage' de ses jambes, et c'est un sujet de plaisanterie habituelle pour les citadins du littoral que de singer sa manière de marcher lourde et embarrassée r Le Gaucho fait ses repas sur son cheval toujours lancé à fond de train si sa provision de viande séchée lui fait, défaut et qu'il n'ait t pas le temps de s'arrêter pour dégoiller un bœuf, il aspirera dans son maté une infusion de gerba paragiiaya qui le dispensera de manger pendant trois ou quatre jours. Lorsque son elïeval est harassé, quelques minutes lui suffisent pour changer sa monture un troupeau de chevaux à moitié sauvages est toujours a sa portée; dans ce troupeau que le moindre bruit effarouche il choisit de l'œil l'étalon le plus vigoureux, jette le laço; l'étalon, est aussitôt pris, harnaché, dompté, et vole sans résistance où le guide son cavalier infatigable....