Extrait du journal

U BONNE MANIERE OE PRENDRE LES FEMMES J.e voyageais hier soir dans un .autobus. En face de moi, à mi-parcours, une femme jo lie, élégante, vint prendre place. Dès qu'elle fut installée, la voyageuse ou vrit un -petit sac et en sortir un billet de vingt sous qu'elle tint entre le pouce et l'in dex en attendant le passage du receveur. .Ledit receveur passa, distribua quelques tickets, ma voisine lui tendit son billet, mais un arrêt de la voiture: obligea l'em ployé à retourneir sur la plate-forme et fi oublia de revenir pour toucher le prix de la place occupée par cette dame. Ma voisine eut tout d'abord un geste pour le rappeler, mais elle n'alla . pas jusqu'au bout de ce .geste et elle reprit son immobilité (si l'on peut appeler ainsi l'attitude d'une femme qui ne bouge pas) attendant sans doute le retour du receveur. Le receveur ne revint-pas. Alors la dame eut un sourire. Elle remit son billet de vingt sous dans son petit sac et, à. l'arrêt suivant, elle se leva . Je' la suivis des yeux, pensant qu'avant de descendre elle paierait le prix de sa place. Il n'en fut rien. La. voiture arrêtée, elle fit une sèche observation au receveur, l'auto bus ayant stoppé trop loin du point d'ar rêt-, et je la vis traverser la rue, toujours souriante, de ce sourire d'une femme qui vient de « rouler » quelqu'un. ' Ce que fit celte voyageuse, bien d'autres le font quotidiennement, et j'en arrive à cette constatation que le sexe faible éprouve une sensation infinie à Tourner autour des lois et à échapper aux règlements, même si le bénéfice qui en résulte est minime. Et je m'explique maintenant pourquoi je vis un jour certain commerçant rendre, la monnaie à une cliente en se trompant à son désavantage. Cet homme, né malin,. fit ce jour-là volon tairement figure de « poire » et, avec les femmes, c'est, n'en doutez pas, l|j meilleur moyen de s'assurer une clientèle fidèle. — Jean Kolb....