Extrait du journal
Valencia-Alcantara, 11 mai. Erésentant le Portugal comme lé n'étaient que trop vraies. L'inquiétude vague peinte sur tous les visages et le déploiement de force armée qu'on peut consta ter, dès la frontière, sont caractéristiques. Il plane dans l'air ce je ne sais quoi de troublant qui précède les « journées » politiques, et il s'en prépare visiblement ici. !L'Officiel publie un décret accordant soixante jours de répit pour toutes les échéances. Cette me sure d'exception produit, commercialement parlant, une certaine détente dans la situation de la place de Lisbonne, mais elle n'a fait que jeter l'huile sur le feu, au point de vue politique. Le parti patriote en est très irrité, et il manifeste bruyamment sa colère en disant que c'est une honte pour le Portugal. On est inquiet, dans les sphères officielles, de la tournure des événements. Depuis le soulèvement qui a avorté en janvier, par suite d'un excès de précipitation, les ennemis du régime actuel ont exploité contre la monarchie la faiblesse du gouvernement envers l'Angleterre. L'idée républicaine a fait des progrès hors de pro portion avec le peu de temps qui s'est écoulé, et aujourd'hui les républicains sont plus nombreux, en Portugal, que les monarchistes. Les préparatifs des républicains D'après certaines indications puisées à bonne source, le nouveau plan insurrectionnel, prudem ment mûri, est beaucoup mieux combiné que celui de janvier. Malgré l'impatience de leurs adhérents, les chefs républicains sont parvenus jusqu'ici à retarder l'éclosion du mouvement pour réunir dans leurs mains encore plus d'atouts qu'ils n'en ont. Ils attendent leur heure qui sonnera inévitablement. On peut être assuré que les premières circons tances favorables à une insurrection seront mises à profit avec énergie. Sont-elles imminentes ? Un symptôme significatif, c'est que le chef de l'insurrection de janvier, Alvez da Veiga, qui s'était réfugié en Belgique, s'est rapproché de la frontière hispano-portugaise, où sa présence est signalée. Le Matin ajoute qu'une autre dépêche chiffrée misé au télégraphe de Lisbonne par son envoyé spécial, lui est parvenue complètement défigurée. On y retrouve les mots de « panique », « vente de Mozambique à l'Angleterre », « mitraillade ». Le décret de la Banque Londres, 12 mai. — Le décret accordant un délai de soixante jours pour le règlement général des échéances est basé sur le rapport de la direction de la Banque de Portugal, qui déclare que le retrait des dépôts, -vendredi et samedi, a atteint 1,178 contos de reis, et que les demandes de secours des au tres banques se sont élevées déjà à 1,600 contos de reis. La crainte que les retraits continuent aujourd'hui à Lisbonne, à Porto et à Braga, et la difficulté ma térielle pour une rapide frappe des monnaies d'ar gent ont amené, selon la direction de la Banque du Portugal, la nécessité de publier le décret paru ce matin. Les journaux de Lisbonne On lit dans le Seculo, de Lisbonne : La situation du Portugal est si compromise, que, malgré tous nos efforts réunis, malgré l'union de toutes les volontés, il nous sera bien difficile d'é chapper à tous les désastres qui nous menacent. Nous avons à nous défendre en même temps con tre une crise ouvrière, une crise économique et une crise politique, et, bientôt, nous aurons à déplorer la décadence de nos industries, déjà paralysées par le retrait des capitaux. La défiance a pénétré dans toutes les sphères de notre monde commercial, a déjà détruit le crédit des petits commerçants qui se voient abandonnés par les banques et les capitalistes. La Banque de Portugal n'échange plus les billets Lisbonne, 12 mai. — Le décret général est fort commenté à Lisbonne et à Oporto. La Banque de Portugal a suspendu pour un moment l'échange de ses billets contre de l'argent afin de défendre ses réserves métalliques. Les billets de banque rencon trent une certaine difficulté à être acceptés en paiement par les particuliers. Le ministre des finances a déclaré au conseil que, vendredi prochain, il mettra en circulation une nouvelle monnaie d'argent. Le bruit court que la Banque de Portugal émet tra aussi des billets de la valeur d'un milreis et de cinq cents reis. La publication du rapport de la direction de la Banque de Portugal au Journal officiel est considé rée comme dangereuse. En présence de la gravité des dépê ches que l'on a lues plus haut, nous nous sommes rendu à la léga tion de Portugal, 13, rue Barbet-de-Jouy, pour nous renseigner sur la situation. Mais notre collaborateur n'y a trouvé personne. La dynamite Lisbonne, 12 mai. — Une cartouche de dynamite a fait explosion cette nuit près d'une porte du minis tère de l'intérieur. Il n'y a eu aucun dégât....
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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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