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La Presse, 15 octobre 1888

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La Presse
15 octobre 1888


Extrait du journal

fassant de bien vouloir m'indiquer « Berner-street », irue où s'est commis le dernier assassinat. J'en étais à deux pas : elle donne justement sur la grande avenue où je me trouvais. Deux agents de police se trouvaient à l'entrée, avec l'ordre de ne laisser passer personne qne les habitants de la rue ou les , gens qui allaient leur rendre visite. Un sergent de la police, ô qui je montre ma carte, consent à me laisser pénétrer dans la rue, ou plu tôt dans la ruelle. Ici le spectacle change. A la porte de maisons sordides, j'aperçois des têtes de femmes et d'hommes n'inspirant pas précisément la confiance. Les femmes surtout inspirent une répul sion particulière. Et cependant ce sont toutes des chercheuses d'amour (?). Elles se promènent avec des allumettes à la main, et proposent aux passants, à la dérobée, quelques allumettes. C'est ainsi que ces monstres de la na ture entrent en matière ! C'est à l'entrée d'un petit passage qui se trouve dans Berner-street, que le dernier cadavre a été trouvé. J'ai vu rendroit même du crime. Le meurtrier a frappé sa victime tout à côté d'un café à allures louches où se tiennent les réunions d'un club inter; national.. Ce club international est composé d'.un tas debandits surveillés étroitement par la police. A l'heure où le coup a été fait, les patrons de l'établis sement étaient éveillés, mais ils ont préféré écouter et ne rien dire, .On viendrait me dire demain que ces gens-là. sont des complices, que je ne serais nulle ment étonné. J'ai parcouru d'autres petites ruelles semblables à celles de Berner-street. C'est toujours ce même spectacle de la misère et du vice dans ce- qu'ils ont - de plus bas. Si Charles Warren avait raison : on ne serait pas en sécurité tout seul au milieu de cettè horrible population. Ajoutez à cela une odeur pestilentielle qui se défâge des taudis infects habités par cette troupe 'individus à la mine à la. fois vicieuse et hébétée à côté desquels on passe non sans éprouver une forte sensation de dégoût. Une visite à Whiteehapel n'est certes pas très re confortante : on a hâte de revenir dans les beaux quartiers de Londres. Le « Punch » Le journal le Punch de cette semaine représente une de ces ruelles de Whiteehapel dont je viens de vous parler. Deux criminels se faufilent avec des mines inquiètes le long d'un mur, ils ont pu échap per aux regards d'un agent de police qui leur tourne le dos et se dirige d'un côté opposé au leur. Au-dessous du dessin, le dialogue suivant entre les deux criminels : ' Premier criminel. — Quels beaux hommes que ces hommes de la police ! Deuxième criminel. — Oh oui! excessivement beaux. Il est heureux pour nous qu'ils soient en si petit nombre. Sir Charles Warren, dans le rapport qu'il vient de faire sur l'état de la police, le reconnaît lui-même. « Je dois faire observer, dit-il, que la police mé tropolitaine ne dispose pas de grandes réserves ne faisant rien et prêtes à tout événement : presque chaque homme a son poste assigné, et je ne puis renforcer le district de whiteehapel qu'en enlevant des hommes à leur poste dans d'autres parties .de là capitale ».... et plus loin le chef de la police fait cette déclaration importante : « Il n'y a qu'un agent par 700 personnes ». Les chiens_à la chasse des meurtriers Puisque la police est impuissante souvent à dé couvrir les criminels, les chiens pourraient-ils être plus habiles que les hommes ? Peut-être, et on songe beaucoup à les employer pour suivre la piste des criminels. Le système est adopté en Amérique. Il pourrait bien l'être ici bientôt. — On appelle les chiens destinés à... cette haute mission de salubrité publique des blood-hounds, mot-à-mot: des chiens do sang, des chiens qui retrouvent la piste du meur trier par les traces de sang. On vient de faire des expériences curieuses à Ilyde-Pai'k dans là matinée et le soir. , Les essais ont pleinement réussi et les deux héros du jour sont Burglio et Bariiabé, les deux chiens d'un entraîneur nommé Edwin Brough. Ce sont deux énormes chiens, qui ont été enchaî nés depuis l'âge de huit mois par leur maître. Voici comment s'est faite l'expérience ? On a fait sentir aux deux chiens les souliers de la personne qu'il fallait rechercher. Cette personne est ensuite partie, et on n'a lancé les chiens attachés ensemble qu'un quart-d'heure après son départ. Les chiens ont parfaitement trouvé la piste. Le 'soir, même expérience a été recommencée et, cette fois, devant sir Charles Warren lui-même, qui a servi deux fois de sujet. Le soir, on tenait les chiens en laisse, comme on agirait s'il s'agissait de manœuvrer dans Whiteeha pel pour retrouver un criminel. Il fallait voir Burgho et Barnabé chassant avec ardeur sir Charles Warren. Ah ! il n'ont pas été longs à trouver leur gibier. Et alors quels aboie ments ! Le propriétaire paraissait ravi. Il caressait ses chiens et les recaressait. Quant au chef de la police, toujours sur la ré serve, il ne pouvait s'empêcher de reconnaître que les résultats étaient excellents; A quand des essais du même genre à Paris ?... Ce serait intéressant, et cela en vaudrait la peine....

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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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