Extrait du journal
vi Passis» 15 sêptëiiibre. La Revue des deux Mondes, d'ans son numéro qui a paru au jourd'hui, exprime une opinion qui se rapproche fort de celle que nous avons émise sur la conduite que doit tenir le ministère : « Dans l'état d'affaiblissement où sont les partis, quelle sera, quelle doit être l'attitude du gouvernement? Comment s'exercera ton influence? de quel côté peuche-t-il ? où sont ses préférences et les candidats selon son cœur ? Pour répondre à ces questions, il faut d'abord se demander où le ministère du 15 avril a trouvé sympathie, force et faveur dans la der nière session, quels ont été ses adversaires, quels y ont été ses amis ; car il est bien évident que tous ceux qui l'ont, non pas supporté, niais soute nu, doivent être de nouveau désirés et rappelés par lui dans la chambre prochaine, pour y former sa majorité, la majorité sympathique et ferme dont il a besoin. Eh bien ! c'est dans l'appui de* deux centres qu'il a trouvé sa force. Le centre gauche échappait de plus en plus au gouverne ment ; le ministère du 15 avril l'y a rattaché Quant au centre droit, il lui est resté presque tout entier, moins un petit nombre d'hommes de pas sion, aux yeux desquels le bien change de caractère, quand il n'est paà fait exclusivement par eux et pour gpx. A l'exception de ces quelques hornaes, vingt ou trente* qui le lendemain de la formation du ministère du 18 ami lui ont jeté le gant et se sont précipités dans une opposition violénte, le reste* du centre droit s'est montré bienveillant et juste en vers le gouvernement. ».... Le ministère suivra-t-il le conseil que lui donnent quelques-uns de .ses amis? Nous ne le pensons pas, s'il veut rester fidèle à son origine, car il ne se croit pas seulement du centre du centre droit ; et si dans les élections prochaines il portait exclusivement d'un côté toutes ses préfé rences et le poids de l'influence légale du gouvernement, il ferait un acte peu politique, il faut le reconnaître, et déplacerait de lui-même son point d'appui, "au risque de se mettre à la merci d'une section de la chambre qui ne l'aurait 'pas adopté complètement. Ea tenant, comme il l'a fait jusqu'à présent, labalance égale entre les deux fractions de l'ancienne ma jorité du cabinet Périer, Je ministère peut espérer qu'il la reconstituera dans son intégrité, à peu de chose près, et nous savons que c'est là son ambition. Mais pour cela, rien lie l'empêche ds tendre une main amie à tous les hommes modérés que sa présence an pouvoir invite à s'y rallier, et qui ont même besoin d'un ministère tel que lui pour se rattacher au gouvernement ; car si tout le monde arrive insensiblement à ce qui dure, les amours-propres demandent qu'on leur ménage la transition, et elle se fait surtout par des administrations qui parlent moins du passé que de l'a venir, de combats que d'organisation, qui ne brandissent point sans cesse repée après la victoire, et ne forcent pas les gens à une confession publi que de leurs torts avant de les admettre dans le temple. » U est un bruit qui depuis deux jours acquiert une certaine consis tance; il paraîtrait que le ministère a rompu tous les rapports qui le pouvaient lier avec le Journal des Débats, à la suite de son dernier article. Aux détails déjà publiés à ce sujet par le Bon Sens et reproduits par beaucoup de journaux, l'Europe en ajoute ce matin de nouveaux qui sont fort piquans ; si l'on en croit ce journal, qui est d'ordinaire bien informé, M. le président du conseil se serait exprimé, à l'occasion du Journal des Débats, avec une énergie peu commune, et une su périorité de raison à laquelle nos hommes d'état ne nous ont pas beau coup accoutumés; il aurait dit à peu prèï ceci, dans un noble et sévère langage : • « Peu m'importe de compter un adversaire de plus, s'il est franc enne mi, ennemi connu! Ce dont je ne veux pas, c'est d'un ami cauteleux, insi dieux, perfide et exigeant; ce dont je 11e veux pas surtout, c'est d'un jour nal qui ne paraît me soutenir que pour mieux assurer le succès de ses desseins en se donnant le temps de choisir le moment de porter sou coup et de me renverser. » Je ne veux rien rechercher, rien approfondir ; je ne veux rien écou ter de ce qui de toutes parts cependant me revient aux oreilles ; seulement je me borne à dire qu'il ne peut convenir à la dignité du cabinet que je préside de salarier la feuille qui trame ma perte ; je veux bien payer mes frais de sépulture, mais après ma mort seulement, et non de mon vivant....
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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