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La Presse, 17 décembre 1837

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La Presse
17 décembre 1837


Extrait du journal

'**-• - i Paris* 16 décembre. Nous ne concevons pas la préoccupation des écrivains qui tradui sent toutes les questions politiques en questions de cabinet, et qui ne voient, en tout, que des ministres à renverser ou des ministres à élever. Il leur s mble que le gouvernement représentatif n'ait pas d'autre objet, c'est-à-dire qu'ils font d'un des moyens de- ce g-nre de gouvernement son but, son unique but. C'est un étrange préjugé! Le but du gouvernement représentatif, comme de toute espèce de gouvernement, c'est la prospérité du pays. Les questions d'hommes ne viennent donc qu'après les questions de choses ; c'est quand les choses vont mal, qu'on peut croire utile de changer les nommes. Ainsi, quand le pays fait entendre des plaintes formelles et motivées ; quand les collèges électoraux reche rchent avec affectation des candi dats hostiles au gouvernement; quand la détresse publique accuse une administration inhabile ; quand les chambres refusent les subsides, on peut reconnaître à tous ces signes, ou seulement même à l'un d'eux, qu'il y a lieu de modifier la direction du pouvoir, en la con fiant à de nouvelles mains. Un changement de ministère s'explique alors pour tout le monde; il s'opère même avant que personne ait besoin d'en demander ou d'en donner l'explication. Au contraire, si l'opinion a soutenu de son assentiment la plupart des mesures prises par un cabinet; si des élections générales se sont accomplies avec calme, et dans un esprit d confiance; si la prospé rité publique se révèle par des succès suivise et par une activité tou jours croissante ; si les chambres ont prêté au cabinet un appui éclairé et sincère, les idées de changement qui peuvent se répandre prennent un autre caractère. Ce n'est plus le jeu régulier du gouver nement représentatif , c'est l'impatience désordonnée de quelques ambitions ; ce n'est plus une question de choses, c'est une question de personnes. Nous savons qu'on dissimule tout cela sous des apparences politi ques. Il s'agit, dit-on, de faire prévaloir certaines idées; c'est une af faire d'habileté; c'est une querelle de système! Eh bien, soit! c'est ainsi que nous entendons nous-mêmes cette lutte généreuse du pou voir et de l'Opposition; mais alors, il faut que cette lutte s'établisse franchement. Il ne suffit pas de dénigrer, dans des journaux, les actes et les idées du pouvoir; il faut prouver qu'il y avait mieux à faire. Il ne suffit pas d'accuser l'inhabileté de ceux qu'on attaque, il faut révéler une habileté supérieure. Il ne suffit pas de blâmer vaguement un système ; il faut mettre en regard, en opposition, puisque c'est le mot, un système meilleur, qui rallie les convictions publiques. Dans un gouvernement représentatif, le pouvoir est incessamment au con cours; mais dans ce concours comme dans tout autre, le triomphe est aux capacités ; tout le monde est appelé, mais appelé à faire ses preuves. Pourquoi les organes de l'Opposition se refusent-ils donc, la plupart du temps, à formuler les idées dont ils désirent l'adoption? On les mettrait aux voix, et la lutte serait promptement terminée, d'une ma nière ou d'une autre, à l'avantage du paye. Pourquoi les hommes qui élèvent la question d'habileté oublient-ils donc qu'ils ont aussi possédé le pouvoir, et qu'ils n'ont fait alors ni plus, ni mieux, si même ils n'ont pas fait moins, et moins bien que ceux auxquels ils le disputent au jourd'hui ? Pourquoi enfin, depuis six ans, l'Opposition, mise en de meure par M.CasimirPéritretpar ses successeursdeprocamerson pro gramme, d'expliquer son système, s'est-elle donc toujours retranchée dans les nuages.d'une politique vaporeuse qui n'offrait rien de positif et de saisissable ? Est-ce à nous, qui approuvons en grande partie les principes cons titutifs du pouvoir, à rechercher, à deviner quelles peuvent être les pensées de l'Opposition, à scruter ses plans, à inventer son système? Qu'elle s'explique donc sur les points capitaux qui se représentent le plus souvent dans les discussions politiques. Nous désirons tant ces...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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